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Dans le monde
États-Unis : derrière le cirque de la présidentielle
Le débat télévisé du 10 septembre a opposé les outrances de Donald Trump accusant les immigrés de manger chiens et chats, les démocrates de tuer les bébés après leur naissance sous couvert d’avortement et sa rivale d’être marxiste aux proclamations d’optimisme de Kamala Harris. Ce débat a été présenté comme une étape-clé d’élections d’importance mondiale.
Pourtant, du point de vue des travailleurs des États-Unis, cette compétition entre serviteurs de la bourgeoisie compte bien moins que les difficultés de la vie quotidienne.
L’indice officiel des prix montre que l’inflation cumulée a été de 22 % ces quatre dernières années. Dans l’alimentation, l’augmentation des prix est de 30 %. Ainsi, lorsqu’une multinationale comme Boeing propose ces jours-ci aux syndicats 25 % d’augmentation des salaires pour les quatre prochaines années afin d’éviter une grève, c’est loin d’être une grande victoire pour les 32 000 travailleurs concernés, plutôt un rattrapage incomplet des salaires sans cesse grignotés par l’inflation.
Bien des travailleurs sont forcés de prendre un second, voire un troisième travail à temps partiel pour s’en sortir. Le prix des voitures neuves est devenu exorbitant, mettant des salariés à la merci des pannes de voitures vieillissantes. Le coût du logement dans les grandes villes ou dans les banlieues huppées est de plus en plus hors de portée des employés, hospitaliers, pompiers, enseignants et autres travailleurs indispensables à la vie même de ces localités. Même avec un salaire, on peut n’avoir que sa voiture pour dormir avec ses enfants.
Dans un pays sans assurance maladie générale, un pépin de santé peut très vite occasionner une dette personnelle considérable. Dans les classes populaires, beaucoup ne peuvent pas se soigner. Ajouté aux overdoses mortelles provoquées par l’addiction aux opiacés, vantés avec agressivité commerciale par les firmes pharmaceutiques, cela contribue à faire reculer l’espérance de vie.
Du côté de la grande bourgeoisie, c’est tout l’inverse : les milliardaires n’ont jamais été aussi nombreux et leur fortune aussi importante. Leur prospérité est portée par l’exploitation féroce des travailleurs aux États-Unis et dans le monde. Dans les usines, les cadences ont augmenté en raison des suppressions d’emplois. Des accidents du travail d’enfants immigrés employés dans des abattoirs ont mis en lumière l’inhumanité de grandes entreprises qui piétinent de nombreuses lois au nom de la recherche du profit.
Des milliers de milliards de dollars s’additionnent en Bourse au fil d’une spéculation débridée, puis s’envolent en fumée du fait des chutes brutales du prix des actions. L’avidité d’une toute petite minorité de financiers fait ainsi courir le risque d’une catastrophe économique.
L’activité économique est soutenue à bout de bras par les dépenses publiques, afin que la bourgeoisie américaine garde, et si possible accroisse, sa domination sur les autres puissances européennes ou asiatiques. Le prix en est un endettement énorme de l’État fédéral, qui doit régulièrement relever le plafond de sa dette maximale.
L’an dernier, l’État américain a encore creusé sa dette de 1 700 milliards de dollars (8 % du PIB) : les subventions aux industries et les dépenses d’armement coûtent cher. Elles se font au détriment de l’entretien des écoles, des routes, des ponts qui s’effondrent régulièrement.
Républicains et démocrates, se succédant au pouvoir partagent la responsabilité de cette situation. La grande bourgeoisie, qui finance leurs campagnes électorales à coups de centaines de millions, en attend en permanence un retour sur investissement.
Par contre les travailleurs n’ont rien à espérer de ces partis et de ces élections. Certains pourront s’exprimer en faveur de la construction d’un parti ouvrier révolutionnaire, dans les quelques régions où des militants ont la force de présenter des candidatures, dans le Michigan, l’Illinois et la Californie notamment.