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Leur société
Enseignement privé : arrosé par État et régions
En cette rentrée scolaire, nombre de lycées publics manquent de tout, de personnel, de salles, de gymnases, de piscines et de moyens pour l’entretien des bâtiments. Deux enquêtes viennent de montrer comment l’État et les régions font de plus le choix de favoriser le financement des lycées privés.
Dans les lycées privés sous contrat, le plus souvent catholiques, l’État doit déjà payer le salaire des enseignants et les dépenses de fonctionnement des établissements sont réglées par les régions alors même qu’ils n’ont aucune obligation de scolarisation et peuvent sélectionner les élèves qu’ils accueillent. Mais les régions font aussi le choix de verser des subventions supplémentaires à certains établissements privés, bien au-delà de leurs obligations légales. Sauf exception, ces « bonus » ne sont pas rendus publics. Le site Mediapart a fini par en chiffrer le montant astronomique : 1,2 milliard d’argent public versé entre 2016 et 2023. Cela a abondé d’un tiers les financements obligatoires, d’un montant de trois milliards dans la période.
Par exemple à Paris, l’établissement privé Stanislas, où entre autres l’ancienne ministre de l’Éducation Oudea-Castera a placé sa progéniture, a bénéficié de 1,5 million d’euros de bonus de la région Île-de-France en huit ans, alors qu’il possède déjà sept gymnases, deux murs d’escalade et deux piscines. Le lycée privé jésuite Sainte-Geneviève à Versailles, qui a formé nombre de généraux et de patrons, dont Michelin ou Folz, a de son côté reçu 1,6 million d’euros d’extras de Valérie Pécresse, présidente LR de la région et ancienne élève de l’établissement.
Ce déversement d’argent public dans les lycées privés est loin d’être le monopole des régions dirigées par la droite. Ainsi, la région Bretagne, dirigée par le PS, a le record des subventions facultatives versées au privé entre 2016 et 2023 : 5 610 euros par élève en moyenne.
Une autre étude vient de révéler que, du côté de l’État, ce sont les dotations académiques en heures d’enseignement qui favorisent les lycées privés. À la rentrée 2023, selon l’enquête de France Info, 19 des 24 académies dotaient mieux les lycées privés que publics. Ainsi dans l’académie d’Amiens, ce différentiel correspond à 220 heures de moins pour un établissement public de 1 000 élèves. Une telle dotation dans tous les lycées permettrait des dédoublements de classe, l’apprentissage d’options, de spécialités, de langues…
Cet écart est comparable dans de nombreuses académies. Il s’agit sans doute du miracle de la transsubstantiation de l’argent public en intérêt privé.