El Mordjene-Nutella : la guerre des pâtes à tartiner25/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2930-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Leur société

El Mordjene-Nutella : la guerre des pâtes à tartiner

La pâte à tartiner El Mordjene de la société algérienne Cebon, qui avait eu son succès sur TikTok où des influenceurs vantaient son goût incomparable, vient d’être interdite à la vente en France et bloquée dans les ports et aéroports.

Cette interdiction, deux ans après sa mise en vente, choque ceux qui avaient pris goût à cette pâte à tartiner et leur apparaît comme une mesure arbitraire d’un pays riche contre la production d’un pays moins puissant. Mais il faudrait surtout y voir une manœuvre de la société Ferrero dont le fameux Nutella risquait d’être éclipsé par le succès d’El Mordjene…

Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, qui a bloqué l’importation, dément une telle intervention. À l’en croire, il ne ferait qu’appliquer les lois européennes, selon lesquelles l’Algérie n’a pas le droit d’exporter des marchandises contenant des produits laitiers destinées à la consommation. Celles-ci ne respecteraient pas « les exigences européennes en matière de santé animale et de sécurité sanitaire des aliments ». Que la poudre de lait contenue dans la pâte El Mordjene soit achetée en France n’a pas suffi à lui sauver la mise.

Les « exigences européennes » n’ont pourtant jamais empêché les capitalistes européens de l’agro-alimentaire d’empoisonner régulièrement les consommateurs. En 2022, des pizzas Buitoni « made in France », contaminées par la bactérie E.coli, avaient causé la mort de deux enfants. La même année, des chocolats Kinder produits par le groupe Ferrero en Belgique avaient contaminé 42 personnes aux salmonelles.

La santé des consommateurs a bon dos et cache mal la rivalité commerciale entre capitalistes concurrents appuyés par leurs États. En attendant que des tractations en coulisse permettent le retour éventuel de la pâte algérienne, le groupe Ferrero pourra continuer à écouler son Nutella sans concurrence… et même sans que l’on sache s’il est meilleur et plus sûr

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