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Leur société
Ehpad publics : asphyxiés au profit du privé
Fadila Khattabi, ministre déléguée aux Personnes âgées, a annoncé le 24 avril par voie de presse que le gouvernement allait débloquer 650 millions d’euros pour les Ehpad.
Cette annonce fait suite au signal d’alarme lancé par treize organisations du secteur public et associatif, qui vont jusqu’à mettre en avant « le risque d’arrêt d’activité » pour nombre d’établissements. En effet, selon une enquête réalisée en mars par la Fédération hospitalière de France (FHF) auprès de plus de 730 Ehpad publics, 85 % de ces structures ont fini l’année 2023 en déficit. En extrapolant à l’ensemble des Ehpad publics déficitaires, les auteurs estiment à 800 millions d’euros le déficit total, en hausse de 60 % sur un an.
Non seulement ce déficit est bien supérieur au montant que le gouvernement a décidé d’allouer mais, derrière cette annonce, se cache le fait que 70 % de la somme seront accaparés par les établissements privés.
En effet, si la ministre déléguée a tenu à préciser que le financement de l’État augmentera de 5 % pour les structures publiques, contre « seulement » 3 % pour le privé, elle a en revanche été beaucoup plus discrète sur la répartition de l’enveloppe. Et pour cause : la grande majorité des 7 500 Ehpad du pays étant privés, les Ehpad publics ne toucheront au final que 190 millions d’euros, contre 460 millions pour les autres.
Loin « d’apporter un ballon d’oxygène » aux Ehpad publics comme il le prétend, le gouvernement fait en réalité un double cadeau aux groupes privés. En les arrosant d’argent public d’abord, puis en les aidant indirectement à mettre la main sur des établissements publics qu’il aura, par sa politique, contribué à asphyxier financièrement.