Ehpad : faillite d’un système11/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2928-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ehpad : faillite d’un système

La crise frappe les ressources des Ehpad publics ou associatifs. Ceux-ci représentent 80 % des 7 500 établissements pour personnes âgées dépendantes et les deux tiers de ces établissements non lucratifs sont en déficit.

Certains des établissements ferment carrément, d’autres reportent les travaux indispensables, ne pourvoient pas les postes manquants ou réduisent les fournitures, comme les couches. Les responsables de ce secteur réunis en assises nationales se sont déclarés pris en étau entre la montée des dépenses et la baisse de la fréquentation, donc des recettes. Cette baisse est attribuée par les médias d’une part à la réputation déplorable de ce type d’établissements depuis la crise du Covid qui avait provoqué le décès de 10 000 résidents, d’autre part aux révélations du livre de Victor Castanet, Les Fossoyeurs, sur les pratiques scandaleuses du groupe privé Orpea envers les résidents. Mais ces deux événements n’ont fait que mettre en lumière la maltraitance institutionnelle dont sont souvent victimes les résidents et que dénonce depuis bien longtemps le personnel de ces établissements. La cause est dans la recherche de la rentabilité, qui produit la même déshumanisation dans bien des secteurs de la société.

Par ailleurs, l’inflation a provoqué la hausse des charges d’énergie, de nourriture et des diverses fournitures. Les établissements privés ont eu l’autorisation du gouvernement d’augmenter de 5,3 % leurs tarifs en 2023. Les Ehpad non lucratifs sont, eux, soumis à la décision des conseils départementaux. En moyenne, ils ont augmenté leurs tarifs de 4 % en deux ans, soit bien moins que l’inflation.

Face à la quasi-faillite d’établissements, l’État ou les départements versent des aides au coup par coup. Aucun des dirigeants politiques de l’État ou des départements ne propose de prendre sur les profits de la grande bourgeoisie pour assurer une vie digne aux plus anciens. Alors les uns proposent de pouvoir augmenter librement les tarifs mensuels, alors que 76 % des résidents ont déjà des revenus inférieurs au tarif moyen des établissements. D’autres proposent un tarif journalier en fonction des revenus, d’autres encore, comme la socialiste Pirès Beaune, préconisent une « allocation universelle » versée à chaque personne entrant en Ehpad, mais qui serait financée en partie par une contribution obligatoire de la famille, en fonction de ses ressources. Tous proposent donc de faire payer encore et toujours davantage les vieux travailleurs ou leurs proches et de dégrader encore les conditions de travail du personnel.

C’est pourtant uniquement la solidarité financière, matérielle et humaine des générations dans les familles populaires, qui permet de pallier l’incapacité générale du système à assurer les vieux jours de leurs membres. C’est aussi le dévouement des auxiliaires de vie, des aides-soignantes, à domicile ou dans les Ehpad, qui permet d’apporter malgré les conditions dégradées, un peu d’humanité dans le quotidien des personnes devenues « dépendantes ».

En revanche, on ne peut attendre d’un système qui jette des dizaines de milliards dans la course aux armements, dans la préparation méthodique de guerres pouvant faucher la génération des vingt ans, qu’il se porte au secours des anciens.

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