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Égypte : vague de grèves pour les salaires
En Égypte, ces dernières semaines, malgré la répression policière et patronale, des dizaines de milliers de travailleurs de grandes entreprises ont engagé le combat pour les salaires.
Dans de nombreuses entreprises, les travailleurs perçoivent des salaires inférieurs au salaire minimum. Il y a un an, celui-ci avait été porté, sous la pression de la grève des ouvrières du textile qui menaçait de s’étendre, à 6 000 livres égyptiennes (soit aujourd’hui 114 euros). Peu après, le président Abdel Fattah al-Sissi reprenait d’une main ce qu’il avait donné de l’autre en exemptant des milliers d’entreprises de cette mesure.
Depuis, la flambée des prix rend inaccessibles les produits de première nécessité, en particulier les denrées alimentaires, condamnant les classes populaires à la pauvreté. Malgré une presse muselée, quelques médias se sont fait l’écho des luttes ouvrières qui se sont succédé dans différents secteurs.
Ainsi, le 16 janvier, les 7 000 travailleurs du textile de T&C, dans la banlieue du Caire, se mettaient en grève pour les salaires. Une semaine plus tard, dans la Ville du 6 octobre, dans le gouvernorat de Gizeh, c’était au tour des travailleurs de Sideco Pharmaceutical Company d’exiger des augmentations. Aussitôt la direction de l’entreprise fermait l’usine pour quinze jours, prétendument pour des travaux de maintenance. Le 10 février, au retour de ce congé forcé, la grève redémarrait pour le paiement d’une prime d’un mois de salaire, d’une indemnité de vie chère et le refus que les deux semaines d’arrêt forcé soient déduites des congés.
Dans ces deux grèves, les patrons, qui ont fait des concessions, ont aussi fait intervenir les forces de sécurité pour emprisonner les « meneurs ». Mardi 28 janvier, la contestation gagnait les 20 000 travailleurs des quinze usines de l’entreprise textile Oriental Weavers Company, située dans la ville nouvelle du 10 du Ramadan, dans le Grand Caire. Mécontents que la direction n’ait pas tenu sa promesse, faite après leur grève de novembre, de leur verser une prime de 40 % du salaire annuel, les travailleurs ne se sont pas satisfaits de l’annonce d’un salaire minimum à 7 000 livres, celui-ci ne tenant pas compte de l’ancienneté. Face à leur détermination, le 20 février, la direction, après avoir tenté de les intimider, annonçait qu’elle était prête à des reculs. Les travailleurs refusant d’être à nouveau trompés, le comité syndical appelait à la poursuite de la grève. Au même moment, la plupart des 3 500 travailleurs d’Al-Amir Ceramics Company, dans la province de Gizeh, se mettaient pour la première fois en grève. Ils rejetaient les primes proposées par la direction qui portaient leur salaire à seulement 5 000 livres, alors qu’ils en réclament 7 000.
Si la question des salaires est à l’origine de la colère sociale, celle-ci est aussi nourrie par les menaces d’expulsion des logements. Parmi la jeunesse, les protestations en soutien à la Palestine viennent également au premier plan malgré la répression, qui peut frapper à tout moment. Pour avoir déclaré sur les réseaux sociaux que « al-Sissi et son gouvernement ont peur d’un soulèvement » et l’avoir rendu responsable de la misère, le jeune Mohamed Allam, 24 ans, a été arrêté, torturé et emprisonné pour « terrorisme ».
Al-Sissi peut effectivement craindre que la colère se généralise en Égypte. Dans ce contexte, les pressions de Donald Trump menaçant de cesser les subventions au pays s’il n’accepte pas d’accueillir les Palestiniens de Gaza accroissent encore la tension.