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Leur société
Eaux minérales : l’État complice du scandale
Mediapart vient de dévoiler l’existence de fichiers internes de Nestlé montrant comment l’État a protégé ses intérêts face au double scandale ayant éclaté en 2021, concernant les eaux minérales qu’il exploite dans les Vosges.
D’une part, pendant des dizaines d’années, Nestlé a vendu des bouteilles sous l’appellation « eau minérale naturelle » alors que leur qualité ressemblait comme deux gouttes d’eau à celle de l’eau… du robinet. En effet, comme les eaux de source vendues sous les marques Vittel, Hépar et Contrex sont de plus en plus contaminées par des matières fécales, des pesticides et autres polluants, ce trust recourait depuis des années à des procédés de purification, ce qui, par définition, n’a pas grand-chose à voir avec l’eau dite minérale. Mais, évidemment, Nestlé cachait ces agissements, car cette appellation lui permet de vendre son eau près de cent fois plus cher que l’eau du robinet !
D’autre part, le même groupe a exploité neuf sites dans les Vosges, sans aucune autorisation légale, pendant plus de 25 ans ! Il a tellement surexploité les ressources en eau, que les nappes phréatiques pourtant abondantes dans la région se sont même asséchées. Du coup, l’usage de l’eau est régulièrement restreint pour les particuliers dans les communes avoisinantes, qui sont mêmes parfois alimentées par camions-citernes !
Contre les malversations de ce trust, l’État n’a absolument rien fait. Au contraire, il a légalisé ces forages pirates et autorisé les opérations de purification pour les eaux minérales ! Il a même signé en septembre 2024 un accord très avantageux pour cette multinationale. En effet, celle-ci a été condamnée à payer deux millions d’euros d’amende en échange de quoi elle échappe à tout procès public concernant ces deux scandales : une goutte d’eau dans l’océan des trois milliards d’euros que cette fraude lui a rapportés.
C’est dans ce contexte que Mediapart a découvert des documents démontrant l’existence de réunions secrètes entre dirigeants de Nestlé et hauts fonctionnaires de cabinets ministériels, de la préfecture et de l’agence régionale de santé (ARS) des Vosges.
Si une chose est claire, et beaucoup plus claire que les eaux minérales vendues par Nestlé et compagnie, c’est que le rôle que se fixe l’État est de défendre coûte que coûte ceux qui possèdent de telles entreprises !