La division essentielle, c’est celle des classes sociales01/05/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/05/une_2909-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Européennes

La division essentielle, c’est celle des classes sociales

Vendredi 26 avril, à la Mutualité à Paris, le meeting de la campagne européenne de Lutte ouvrière pour l’Ile-de-France a été un succès, réunissant près de 1 100 personnes. Entourés des candidats de la région, infirmière ou employée, cariste ou conducteur de métro, Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier ont développé le programme de la liste Lutte ouvrière – le camp des travailleurs.

Jean-Pierre Mercier : “reprendre conscience de la force des travailleurs

Le Parlement européen est, comme le Parlement français, un paravent du pouvoir de la bourgeoisie, avec une petite différence : il a encore moins de pouvoir. La seule différence entre le Parlement européen et le Parlement français, c’est que celui-ci n’a pour rôle que de voter des lois pour défendre les intérêts des capitalistes français, tandis que le Parlement européen est une arène où s’opposent les intérêts concurrents des capitalistes de toute l’Europe, ou du moins de ses pays les plus riches.

Pour nous, la division essentielle qui existe en Europe n’est pas celle des États, des frontières, des langues ou des religions : c’est celle des classes sociales. Si nous nous présentons à ces élections, ce n’est pas pour prétendre améliorer l’Union européenne, ce n’est pas pour alimenter le débat stérile sur « plus d’Europe ou moins d’Europe », ni pour discuter de savoir s’il faut sortir de l’Europe ou y rester. C’est pour affirmer qu’à l’échelle des États nationaux comme de l’Union européenne rien ne changera pour le monde du travail, sinon en pire, tant que la bourgeoisie sera aux commandes.

Si la France n’est pas, ou pas encore, en guerre militaire, il y a une autre guerre qui, elle, a éclaté depuis qu’existe la classe ouvrière et qui fait rage : c’est la guerre sociale que mènent contre le monde du travail la grande bourgeoisie et ses serviteurs au gouvernement, pour maintenir des taux de profit au sommet malgré le ralentissement de l’économie mondiale.

Cette guerre-là, elle n’a pas pour décor les tranchées, mais les salons feutrés des ministères et des conseils d’administration. Elle ne se mène pas avec des obus et des canons, mais à coups de lois, de décrets, de décisions patronales qui tombent comme des couperets sur les travailleurs.

Une société faite pour les capitalistes

Oui, le patronat peut aujourd’hui se sentir tout-puissant. Il ordonne, et les gouvernements s’exécutent – ou parfois il n’a même pas besoin d’ordonner, tant ses larbins du monde politique sont empressés à devancer ses moindres désirs. Un Bernard Arnault, à la tête d’une entreprise qui représente 384 milliards d’euros de capitalisation boursière, a infiniment plus de poids que n’importe quel ministre, et ce n’est pas nous qui le disons : l’été dernier, dans le journal Le Monde, un cadre de ce groupe, LVMH, expliquait tranquillement : « Nous sommes si gros et si puissants que nous n’avons plus besoin du faire du lobbying : ça se fait tout seul. »

Et ce qui est vrai à l’échelle de la France l’est tout autant à l’échelle européenne, où ce sont les grandes entreprises capitalistes et leurs lobbyistes qui font la loi au Parlement de Bruxelles, imposant des directives, des normes et des règlements à leur main. Et de toute façon, si les règles ne leur conviennent pas, ils les détournent à leur guise !

Un exemple ? On a appris récemment que le groupe Stellantis et son patron Tavares, pourtant grand pourfendeur de la concurrence chinoise en matière automobile, a acquis pour 1,5 milliard d’euros 20 % du capital du constructeur automobile chinois Leapmotor.

Mais les règles européennes en matière de douanes pénalisent le fait d’importer ces voitures directement de Chine. Pas de problème : Stellantis a ordonné de construire en Chine les voitures non assemblées. Au moment de les importer en Europe, cela lui permet d’échapper aux taxes les plus coûteuses, puis de les faire assembler dans son usine polonaise Fiat de Tichy, pour ensuite être vendues en Europe occidentale. Cela n’empêche évidemment pas Tavares de désigner l’automobile chinoise comme l’ennemie n°1 et de marteler auprès des travailleurs de Stellantis et de tous les sous-traitants en Europe que nous coûtons trop cher par rapport aux travailleurs chinois !

Les travailleurs d’Europe et d’ailleurs sont nos alliés

Dans cette campagne, nous serons les seuls à dire la vérité : ceux qui menacent nos emplois, nos salaires, nos conditions de travail, ceux qui pillent dans les caisses de l’État, ce ne sont ni les travailleurs étrangers, ni les réfugiés, ni les chômeurs, ni les malades, ni les allocataires du RSA : ce sont les capitalistes, et en premier lieu les capitalistes français !

Le danger, en France, en Allemagne, en Pologne comme en Moldavie, c’est la rapacité du grand patronat qui cherche partout à écraser les salaires et intensifier l’exploitation. C’est contre lui, contre sa rapacité qu’il faut mener le combat. Et pour gagner ce combat-là, nous aurons besoin d’unir nos forces avec les travailleurs des autres pays d’Europe !

Le groupe Stellantis possède dix-neuf usines dans l’Union européenne, en dehors de la France, sans compter ses deux usines en Grande-Bretagne et trois au Maghreb. Renault a au moins cinq usines dans le reste de l’Union européenne. Le groupe chimique Sanofi a des usines ou des laboratoires en Belgique, en Italie, en Allemagne, en Suède, au Portugal, en Pologne, et j’en passe !

Tous les grands groupes industriels, de Continental à Bayer, de BASF à Airbus en passant par leurs innombrables sous-traitants, ont des implantations industrielles dans tous les pays de l’Union européenne. Cela constitue, à cette échelle et pour ne parler que de ces grandes entreprises, une armée de centaines de milliers de travailleurs qui ont fondamentalement les mêmes intérêts, connaissent les mêmes difficultés, la même exploitation, les mêmes craintes de l’avenir. Et surtout ont le même patron, c’est-à-dire le même ennemi.

Tomber dans le piège mortel du nationalisme et du protectionnisme rend de fait les travailleurs solidaires de leur patron et solidaires des mesures qui sont prises contre eux.

Au lieu d’agiter les salaires scandaleusement bas des travailleurs de l’est de l’Europe comme une menace pour les travailleurs d’ici, adressons-nous à eux. Disons- leur : bienvenue dans le combat, et battons-nous ensemble pour nos droits de travailleurs !

Et surtout, le plus fondamental et le plus urgent, renouons ensemble avec la perspective révolutionnaire : la nécessité de remettre en question l’organisation même de la société capitaliste !

Nathalie Arthaud : “Confortés dans nos perspectives communistes”

A l’inverse des politiciens de gauche, de droite et d’extrême droite qui rivalisent pour gouverner tout en respectant cette organisation sociale complètement folle, nous pensons que la seule issue est d’enlever le pouvoir des mains de la classe capitaliste, c’est-à-dire de l’exproprier.

La classe capitaliste a accaparé les immenses possibilités que l’humanité a développées. Elle concentre entre ses mains des connaissances, des moyens de communication et de production que l’humanité n’a jamais connus. Son unique but est d’accumuler toujours plus de profits, en produisant tout et n’importe quoi, et de plus en plus souvent sans rien produire, juste en spéculant. C’est un immense gâchis ! Les lois du marché, de la rentabilité et de la concurrence entraînent tantôt une sous-production et des pénuries, tantôt de la surproduction. C’est un fonctionnement aveugle et absurde d’un point de vue collectif, qui nous conduit fatalement aux crises et, comme on le voit aujourd’hui, aux guerres. C’est-à-dire à une destruction inouïe de richesses, de moyens de production, de compétences, d’expérience et d’intelligence collective.

À bas les guerres de l’impérialisme !

Depuis le début du conflit en Ukraine, l’évolution guerrière du monde s’est accélérée. Pour reprendre ce mot qu’on nous sert à toutes les sauces, le capitalisme fait sa transition… vers une économie de guerre.

L’essentiel des travaux pratiques se déroulent en Ukraine. Non seulement les pays impérialistes occidentaux n’aident pas les Ukrainiens en leur disant « Allez vous faire trouer la peau ! », mais c’est leur politique qui les a poussés vers l’enfer de cette guerre. Les pays occidentaux ont profité de l’effondrement de l’Union soviétique pour repartir à l’assaut de l’Europe de l’Est en général, et de l’Ukraine en particulier, afin d’y gagner des marchés, d’y exploiter la main-d’œuvre et les fameuses terres noires convoitées par tous les capitalistes et les financiers de l’agriculture ! Les puissances impérialistes ont accompagné cette percée d’une pression politique et militaire de plus en plus en forte, et c’est pour répondre à ces grandes manœuvres que Poutine a envahi l’Ukraine.

Des manœuvres semblables pour contrôler telle ou telle matière première, tel ou tel marché, se déroulent en permanence aux quatre coins du monde. Et toutes peuvent déboucher sur des déflagrations armées.

Pour justifier leurs guerres et nous enrôler derrière eux, les dirigeants des grandes puissances n’ont que le droit international à la bouche, la liberté, le droit des peuples… Quel cynisme ! Comme si ces valeurs avaient été un jour leur préoccupation.

Regardez comment ces grandes puissances agissent vis-à-vis des Palestiniens : cela fait 75 ans qu’elles ont décidé d’utiliser l’État israélien pour asseoir leur influence dans cette région du Moyen-Orient. 75 ans qu’elles entérinent sa politique de colonisation et d’apartheid. Ce qui a empêché depuis le début que les deux peuples, les Juifs et les Arabes de Palestine, vivent côte à côte, ce sont les manœuvres de nos dirigeants, c’est leur politique impérialiste qui n’a cessé de dresser les peuples les uns contre les autres !

Et ce sont ces dirigeants-là qui gouvernent le monde ! Ce sont eux qui prétendent nommer le bien et le mal, eux qui prétendent dire le droit international et désigner qui est terroriste et qui ne l’est pas.

Vive l’internationalisme !

L’idée de l’Europe unie et sans frontières, où l’on pourrait circuler librement de l’Atlantique à l’Oural, de la mer du Nord au Bosphore, et s’enrichir de la diversité des cultures, est une idée fantastique. Mais l’Union européenne n’a rien à voir avec cela. Elle pérennise les inégalités et les rapports de domination entre les pays riches d’Europe de l’ouest et ceux plus pauvres de l’Europe de l’Est et du Sud, comme la Grèce.

Loin de faire reculer les idées nationalistes, l’Union européenne les a partout renforcées. Elle n’a pas du tout fait disparaître les États nationaux. C’est une des nombreuses contradictions de la bourgeoisie : elle a besoin de l’Union européenne pour que ses trusts atteignent la puissance de frappe de ceux des États-Unis ou de la Chine, mais elle ne peut pas se passer d’un État national fort qui lui soit dévoué. La formation des États nationaux a permis le développement de la bourgeoisie et du capitalisme. Aujourd’hui, leur perpétuation contribue à son pourrissement.

Pour nous, communistes révolutionnaires, l’internationalisme est une nécessité objective, car il n’y a pas d’issue pour les opprimés et les exploités de cette planète en dehors d’une politique internationaliste.

Le système capitaliste et la grande bourgeoisie règnent à l’échelle du monde. C’est à cette échelle-là que les forces productives ont pu déployer toutes leurs possibilités. Dans le cadre du capitalisme, cela a été l’internationalisation de l’exploitation et des souffrances pour l’écrasante majorité des peuples, qui n’ont pas profité du progrès qu’ils faisaient naître. Mais si nous pouvons affirmer que la société est capable de nourrir, soigner, éduquer et assurer une vie digne aux huit milliards d’êtres humains qui peuplent cette planète, nous le devons à cette internationalisation.

C’est donc à cette échelle-là que les travailleurs ont à mener leur combat et c’est à l’échelle internationale qu’ils devront réorganiser toute l’économie, pour fonder une société supérieure au capitalisme.

Mobilisons-nous pour la campagne

Les élections ne sont qu’une péripétie. Mais, dans cette période où les démagogues ont micro ouvert et cherchent à diviser le monde du travail, elles nous offrent la possibilité de montrer qu’il y a des femmes et des hommes qui ne mangent pas de ce pain-là et qui restent fidèles à l’appel de Karl Marx et de la Première internationale : « travailleurs de tous les pays, unissons- nous ! ».

Alors, bien sûr, notre campagne ne sera pas relayée par les grands médias et dépendra intégralement de notre mobilisation militante. Eh bien allons-y ! Notre meilleur média, c’est notre force de conviction.

L’enjeu pour nous est d’entraîner ceux qui nous entourent à nous rejoindre dans le geste concret de voter pour nous. Leur vote sera un premier pas vers le parti que nous voulons construire et vers la reconnaissance du programme de la révolution prolétarienne. C’est un gage précieux pour l’avenir !

Pour retrouver le meeting complet en vidéos :

https://www.lutte-ouvriere.org/portail/multimedia/meeting-26-avril-2024

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