Déjà signataire, à peine arrivée au poste il y a un an, d’une réduction de 200 millions, elle assume à présent, dans le « budget de compromis » vanté par sa collègue Amélie de Montchalin, une coupe de 80 millions occasionnée par la réforme de l’audiovisuel public. Avec ce rabotage, qui nuira immanquablement à la variété et sans doute à la qualité des programmes et des créations, elle persiste en annonçant des économies supplémentaires de 130 millions. Le volet « création » serait amputé, de même que le volet « transmission des savoirs et démocratisation de la culture ». C’est ce qui fait réagir bon nombre de professionnels du spectacle et de la culture, d’autant plus qu’après leur avoir promis amour, délices et orgues mi-janvier, elle leur annonce des privations trois jours plus tard. Son refus de recevoir ensuite leurs représentants qui demandaient des comptes ajoute une indiscutable note de mépris à la scène.

Dati devait donc s’attendre, lors de sa prestation, à une démonstration de colère des professionnels qui sont apparus enveloppés dans des couvertures de survie en aluminium. Cette fidèle de Sarkozy et de Wauquiez a haussé le ton pour présenter des projets ronflants de toute sorte, d’une fondation pour l’art contemporain à un musée du cinéma, en passant par un « plan cabaret » conclu avec le propriétaire du Moulin Rouge, sans faire allusion aux baisses de crédits. Ce n’était pas pour calmer ceux qui avaient, il y a un an, entendu l’ancienne garde des Sceaux affirmer haut et clair que « la liberté de création, la création artistique, c’est aussi important qu’une politique de sécurité, qu’une politique d’éducation. »

Après l’art du falbala, Rachida Dati démontre qu’elle maîtrise celui du trompe-l’œil.