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Dans le monde
Crise : la fièvre de l’or
Les classes possédantes ne croient pas un mot des mensonges dont leurs gouvernements abreuvent les travailleurs et les pauvres sur les reculs supposés de l’inflation. Et cela se voit.
Ces jours derniers, un quotidien économique, Les Échos, a publié plusieurs articles sur la flambée de l’or à l’échelle mondiale. Son cours, dit-il, « bat tous les records ». Dépassant 2 500 dollars l’once (2 250 euros les 28 grammes), il a « gagné 20 % depuis le début de l’année et doublé en six ans ».
S’adressant à un public informé, ce journal ne s’embarrasse pas de détours. « L’appréciation de l’or, écrit-il, s’épanouit dans un paysage économique hautement inflammable », avec une inflation qui est partout « redevenue une menace forte », un climat guerrier qui se renforce, notamment au Moyen-Orient, une région économiquement cruciale pour l’impérialisme, tandis que les classes possédantes nourrissent des « doutes profonds sur les politiques monétaires et budgétaires des pays avancés ». Dans le même temps, sachant que ces dernières années les « banques centrales ont imprimé des milliers de milliards d’euros et de dollars pour aider (les capitalistes à affronter) des crises », « l’argent inspire de moins en moins confiance » aux capitalistes, même le dollar.
Depuis au moins un demi-siècle, la principale puissance impérialiste et sa monnaie, le dollar, ont attiré des quatre coins du monde des flots continus de capitaux en quête de placements spéculatifs réputés sûrs et d’un fort rapport. Mais « avec les craintes renouvelées sur la santé de l’économie américaine », même le dollar n’apparaît plus comme une « valeur-refuge » aux capitalistes et à leurs États. Les banques centrales, en Chine ainsi que dans les pays capitalistes avancés, qui en achetaient hier à tour de bras cherchent maintenant à le remplacer par de l’or.
Certes, l’or ne répond à aucun besoin humain vital : il ne se mange pas, ne se boit pas, on ne peut le planter en espérant en récolter les fruits, il n’est indispensable à la production d’aucun bien industriel. Pour la bourgeoisie, l’accaparer à grande échelle n’a qu’un seul intérêt, mais de taille : la protéger contre la crise de son propre système.
Cette crise, elle ne sait plus comment en sortir. Le cours de l’or qui s’affole, écrit Les Échos, est « un indicateur du désarroi monétaire » de la classe capitaliste et de son « doute sur la mesure de la valeur ». La fièvre de l’or qui saisit les riches, et plus encore les très riches et leurs États, est un symptôme en même temps qu’un facteur aggravant de cette crise.