Du haut de leur siège à la Cour des comptes, ses auteurs considèrent déjà que la situation des retraités serait « favorable » par rapport au reste de la population, car leur revenu moyen serait de 1 512 euros par mois ! Non seulement, avec des revenus aussi faibles, il est compliqué de subvenir à ses besoins, mais derrière ce chiffre se cachent de grandes inégalités. Ils sont 10,8 % des retraités à vivre en dessous de ce que les institutions considèrent comme le seuil de pauvreté. Et les femmes touchent en moyenne une retraite inférieure de 38 % à celle des hommes.

Par ailleurs, le rapport souligne que les travailleurs en France partent en retraite plus tôt que la moyenne européenne, ce qui pourrait servir à justifier de nouvelles attaques contre les retraités, et pourquoi pas, un nouveau report de l’âge de départ en retraite.

Or la Cour des comptes est bien obligée de reconnaître que, depuis 2010, l’équilibre financier « s’est progressivement rétabli, malgré l’arrivée à l’âge de la retraite des générations nombreuses du baby-boom ». Le système des retraites est même excédentaire depuis deux ans. Cela ne l’empêche pas d’évoquer un déficit pour 2025 de 6,6 milliards d’euros… soit environ 2 % du montant total des dépenses. On est loin du déficit de l’État, qui ne l’empêche pas d’augmenter encore le budget des armées.

Allant plus loin, les rapporteurs inventent des projections dignes de la science-fiction. Ils prévoient un déficit de 15 milliards d’euros en 2035 et prédisent même un déficit « autour de 30 milliards » d’euros pour 2045… Mais qui peut dire quel sera l’état de l’économie dans seulement six mois ?

Les chiffres et les graphiques aboutissent aux mêmes conclusions depuis trente ans : ils conseillent d’« agir sur l’âge et les conditions de départ en retraite ». Comme l’indique son titre, la Cour des comptes fait des comptes… dans le cadre strict du système des retraites tel qu’il existe, où leur paiement devrait être équilibré par des cotisations, sans considérer le profit global produit par le travail humain. La plus grande partie de celui-ci est encaissé par les capitalistes mais cela n’entre pas dans les comptes de la Cour. Avec un tel préalable, comment s’étonner du résultat ?

Après une vie de travail, les retraités méritent bien des pensions dignes. Que les capitalistes se débrouillent pour remplir les caisses en prenant sur leurs bénéfices accumulés.