Côte d’Ivoire : halte aux déguerpissements !01/01/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/01/une_2944-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1264%2C1640_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte d’Ivoire : halte aux déguerpissements !

Cet article est extrait du Pouvoir aux travailleurs, journal de l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI-UCI).

Les autorités de Côte d’Ivoire viennent d’annoncer la suspension des opérations de « déguerpissement » lancées il y a un an à Abidjan, probablement à cause des élections qui approchent.

La démolition des quartiers pauvres a été décidée prétendument pour lutter contre « le désordre urbain et l’insalubrité » dans le district d’Abidjan, mais les fauteurs de désordre et de l’insalubrité ne sont pas les habitants qui, faute de moyens, sont condamnés à survivre dans ces quartiers insalubres ne bénéficiant d’aucune infrastructure. Le premier responsable est le gouvernement, parce qu’il ne s’est jamais soucié des conditions d’existence de la population pauvre. Il a trouvé des milliards pour construire des stades ou des œuvres de prestige mais pas un centime pour loger les familles pauvres qui s’entassent dans des taudis au milieu de la boue et des moustiques. Il ne s’agit pas là d’une question de moyens techniques ou financiers mais d’un choix politique et cela ne date pas d’aujourd’hui. Le président Ouattara ne fait que poursuivre la politique de ses prédécesseurs depuis l’indépendance du pays. Leur souci à tous a toujours été de favoriser la classe des riches et des exploiteurs au détriment de la population pauvre et des travailleurs.

Le gouverneur du district d’Abidjan a déclaré, il y a quelques mois, qu’il avait établi une liste de plus de « cent soixante-dix sites à détruire ». Des bulldozers et des pelleteuses, encadrés par des corps habillés [les forces de répression en uniforme] et des loubards, ont en quelques minutes réduit à l’état de gravats ce que des petites gens ont mis toute une vie à bâtir au prix de mille sacrifices. Plusieurs quartiers de la ville ont été rasés, des dizaines de milliers de personnes ont été chassées comme des animaux.

« La pauvreté n’est pas un crime ! » criait à juste raison un jeune révolté par la violence de l’État à l’égard des habitants de son quartier. Ce qui est criminel est de détruire les lieux d’habitation et le gagne-pain de milliers de personnes, de jeter à la rue des familles entières, souvent sous la pluie, en ne leur laissant comme alternative que de dormir à la belle étoile sur des tas de ruines comme après un bombardement.

Derrière la prétendue volonté de lutter contre l’insalubrité et pour l’embellissement de la ville, ce que veut le gouvernement est récupérer à moindre frais les sites ainsi libérés au profit de quelques rapaces du secteur immobilier. Depuis le début de ces opérations de déguerpissement, nulle part on n’a vu des travaux d’embellissement ou d’assainissement sur les espaces libérés. Par contre, des promoteurs immobiliers n’ont pas tardé à y mettre la main. C’est le cas du quartier de l’Abattoir de Port-Bouët alors que le site avait été démoli sous prétexte qu’il était inondable et impropre à l’habitation.

Ceux qui ont essayé de s’opposer à ces démolitions, comme ce fut le cas à Yopougon-Gesco, Port-Bouët-Abattoir ou Adjamé-village, ont eu mille fois raison car face à la voracité des promoteurs immobiliers, à l’exploitation capitaliste et au mépris du gouvernement, les travailleurs et les populations pauvres n’ont que la lutte collective comme voie pour se faire respecter et défendre leurs intérêts.

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