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Leur société
CMA CGM : un budget et des lois sur mesure
À l’automne dernier, lorsque sénateurs, députés et ministres successifs ont commencé à parler de combattre le déficit budgétaire, certains ont posé la question de la niche fiscale par trop favorable aux armateurs.
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Les compagnies maritimes françaises ne sont en effet pas soumises à l’impôt sur les sociétés, au taux théorique de 27,5 % des bénéfices, mais à une taxe dite au tonnage. Cela veut dire qu’elles sont imposées sur les capacités de leurs navires et pas sur leurs bénéfices. Or, ceux des grandes compagnies, en particulier de la française CGA CGM, ont explosé ces dernières années du fait de leur situation de monopole sur le commerce international. En 2022, par exemple, le bénéfice de la CMA CGM était de 23 milliards d’euros. Cette même année, la Cour des comptes estimait que la taxation au tonnage avait permis de diminuer l’impôt des armateurs, et avant tout du plus gros d’entre eux, de 5 milliards d’euros.
Des députés de tout bord, RN, LR, NFP, avaient à l’automne proposé diverses façons de réduire ou de supprimer cet avantage qu’ils qualifiaient d’indu, de scandaleux voire d’immoral. Le résultat est nul puisque le budget présenté le 3 février, déjà adopté par le Sénat et en passe de l’être par l’Assemblée, maintient la taxe au tonnage, dans le silence ou même avec l’approbation des vertueux orateurs de septembre.
La CMA CGM continuera donc à être imposée au taux effectif de 2 % (calcul de l’Assemblée nationale), c’est-à-dire cinq fois moins que ses salariés de droit français. Moyennant quoi son PDG et propriétaire, Rodolphe Saadé, désormais multimilliardaire, est prêt à faire un « geste patriotique » : il a accepté la surtaxe exceptionnelle de 12 % sur les bénéfices de 2025, soit quelques centaines de millions d’euros, de bonne grâce paraît-il. Quelle générosité !