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Leur société
Choose France : le gouvernement s’agite, les capitalistes disposent
Depuis 2018, Macron met en scène sous les ors du château de Versailles un salon, dit « Choose France » (Choisir la France), pour convaincre les capitalistes étrangers de venir investir en France.
Cette année, Macron, qui paye de sa personne en recevant lui-même les investisseurs potentiels, s’est félicité d’avoir concrétisé 56 projets pour un total de 15 milliards d’euros, avec à la clé la création de 10 000 emplois. Le grand patron de Microsoft a par exemple annoncé 4 milliards d’euros d’investissements en France. Des journalistes flagorneurs ont parlé d’une « moisson record », certains appelant ce salon le « Davos français », du nom du sommet économique qui réunit chaque année en Suisse milliardaires et dirigeants politiques du monde entier.
Derrière l’enflure présidentielle et la servilité journalistique, la réalité est plus modeste. Le ministre de l’Industrie lui-même admet que l’ensemble des épisodes précédents a entraîné la création de 130 000 emplois en six ans quand 2 millions d’emplois industriels ont été détruits dans le même temps. La plupart des projets annoncés ne sont d’ailleurs que des extensions d’usines ou d’installations déjà existantes. Mais qu’importe, Macron a besoin d’annoncer des retombées économiques, quitte à les embellir.
Quant aux capitalistes, qu’ils soient français ou étrangers, ils décident seuls des moments et des lieux où ils implantent leurs usines, en fonction de leur stratégie, des marchés visés, de la présence de sous-traitants ou de concurrents. Pour ces « entrepreneurs », qui justifient leurs profits par les risques qu’ils sont supposés prendre, il est dans l’ordre des choses que les chefs d’État leur déroulent le tapis rouge en promettant des exonérations d’impôts, des subventions ou la réalisation de telle ou telle infrastructure. Les États sont mis en concurrence, les plus puissants signant de plus gros chèques, comme le programme IRA de Biden qui incite des industriels européens à s’installer aux États-Unis.
En dépit de la propagande patronale permanente sur le thème « l’emploi coûte trop cher » ou « il y a trop de charges », la France est depuis des années le premier pays européen pour les investissements directs étrangers (IDE). Les capitalistes américains, japonais ou autres y trouvent des réseaux, des services et des infrastructures développés, une qualité de vie pour leurs cadres et surtout une main-d’œuvre qualifiée, productive et pas si bien payée.
Contrairement à ce qu’on veut leur enfoncer dans le crâne, les travailleurs n’ont pas à se réjouir de cette place sur le podium dont ils ne profiteront pas. Elle montre simplement qu’ils ont un puissant levier pour défendre leurs intérêts.