Centres hospitaliers : le pactole des données numériques25/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2930-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Leur société

Centres hospitaliers : le pactole des données numériques

En 2019, l’État a lancé un projet national de centralisation des données personnelles de santé appelé « Health Data Hub » (Plateforme des données de santé) avec comme objectif affiché de faciliter la recherche médicale.

Concrètement, il s’agit de regrouper les données personnelles des patients, stockées dans le Dossier médical partagé, avec des données issues entre autres des centres hospitaliers et de l’Assurance- Maladie. L’État a alloué à ce projet un budget de 75 millions d’euros jusqu’en 2026.

Dans un premier temps, ce marché a été attribué au géant américain Microsoft, par l’intermédiaire de sa filiale Blue, qui a obtenu l’accréditation pour héberger ces données sur ses data- centers. Les patrons français, soutenus par les dirigeants politiques, ont crié au scandale, argumentant que la législation américaine, moins fiable que ses homologues française et européenne, représenterait une menace en matière de protection des données.

Pour justifier leur appel à la « souveraineté nationale », ils ont même brandi le spectre de la guerre qui menace le monde et les risques futurs de cyberattaques. Mais derrière cette levée de boucliers sur la localisation des data-centers, il y a la pression de groupes français comme Orange, Dassault ou Thales, qui voudraient que l’État français les favorise au détriment des Gafam.

De son côté, la région Auvergne-Rhône-Alpes a signé un accord de 10 millions d’euros sur quarante mois, avec les industriels français Docaposte et Thales, pour ses quatre plus gros centres hospitaliers universitaires. Mais ce cloud « souverain », sous-entendu « de confiance » n’est en réalité ni l’un ni l’autre. Le groupe Thales, ne disposant pas de capacités de stockages suffisantes pour héberger l’ensemble des données, est contraint de louer une partie des infrastructures et du cloud à... Google !

Depuis sa création, le « Health Data Hub » national est quasi inexploitable, tant les délais réglementaires pour accéder aux données sont longs et contraignants pour les chercheurs. Une majorité y renonce devant l’imbroglio administratif et réglementaire.

Les entreprises qui dénoncent ces lourdeurs ne le font pas pour le bien de la recherche ou des malades. Quand elles rendent accessibles les données de santé de manière rapide et illimitée, c’est uniquement pour les valoriser financièrement, c’est- à-dire pour les exploiter et les revendre à des fins commerciales.

Dans une société dirigée par les chercheurs, les médecins et l’ensemble des travailleurs, on pourrait imaginer que la centralisation des données de santé permette de faire avancer la science, d’anticiper les maladies et finalement de mieux soigner. Mais quand règne la dictature des industriels et des financiers, non seulement ces avancées technologiques ne sont pas exploitées au mieux de ce qu’elles pourraient apporter aux connaissances et à la santé, mais en plus elles contribuent à transformer les données des patients en marchandises.

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