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Leur société
Capitalistes du BTP : chassez le naturel, il revient au galop
Bernard Thibault, ex-dirigeant de la CGT devenu coprésident du Comité de suivi de la charte sociale des JO de Paris 2024 est bien peu regardant. Il affirme que le nombre d’accidents du travail a été divisé par quatre sur les 70 chantiers de construction des infrastructures destinées aux JO.
Ainsi, l’Aréna Adidas à La Chapelle, le Village olympique et le centre aquatique à Saint-Denis sont cités. D’après Bernard Thibault, sur 25,8 millions d’heures de travail accomplies par 30 000 salariés pendant près de six ans, il y aurait eu « 181 accidents, une trentaine d’accidents graves et aucun accident mortel », cela grâce à des règles et des contrôles plus stricts imposés aux entreprises du BTP. Il omet toutefois de comptabiliser au moins un accident mortel : celui qui, en juin 2023, a coûté la vie à un maçon malien de 51 ans, percuté par une camionnette circulant en marche arrière sur le chantier du bassin d’Austerlitz, destiné à dépolluer la Seine.
Thibault compare le nombre d’accidents du travail liés aux JO au nombre de ceux survenus en France, et en particulier dans le secteur du BTP, d’où serait issu, de son propre aveu, « un mort sur deux au travail ». En France, en 2022, l’Assurance maladie a recensé plus de 564 000 accidents du travail, dont 738 mortels, soit plus de deux par jour. Et encore, ce bilan officiel n’inclut pas les accidents de trajet, à l’origine de 286 décès par an.
Quant au secteur du BTP, où les géants comme Bouygues, Vinci ou Eiffage ne sont pas tenus pour responsables des conditions de travail des salariés de leurs sous-traitants, il est particulièrement meurtrier. Par exemple, sur les chantiers de construction du métro du Grand Paris Express (GPE), encore en cours, cinq travailleurs ont été tués depuis 2020, sur les chantiers des lignes 14, 16 et 17. La CGT 93 alerte sur l’augmentation des cadences et des accidents : sur la ligne 18, le nombre d’accidents avec arrêt par million d’heures travaillées est passé de 15 à 47 en quelques mois. La Cour des comptes elle-même reconnaît que la Société du Grand Paris, maître d’œuvre du GPE, a fait preuve d’un « déficit de contrôle des obligations de sécurité mises en œuvre par les entreprises et les sous-traitants ».
Placés en vitrine des JO, les capitalistes du BTP ont voulu montrer leur préoccupation pour la sécurité de leurs salariés. Mais loin des projecteurs, leur soif de profit poursuit ses ravages.