Cameroun : simulacre d’élection29/10/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/10/une_2987-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Cameroun : simulacre d’élection

Paul Biya a été réélu le 26 octobre président de la République du Cameroun pour un huitième mandat. Un tel dictateur n’organise pas des élections pour les perdre.

Alors que les premiers résultats semblaient donner vainqueur son principal adversaire Issa Tchiroma Bakary, Biya a finalement été proclamé vainqueur par le chef du Conseil constitutionnel qu’il avait nommé. Des manifestations ont aussitôt enflammé les principales villes du pays et l’intervention des forces de répression s’est soldée par au moins une dizaine de morts.

Paul Biya est le plus ancien des dictateurs africains mis en place par la France. Il avait succédé en 1982 à Ahmadou Ahidjo, qui avait été, avec l’aide de l’armée française, l’organisateur de la sanglante répression menée contre l’Union des populations du Cameroun (UPC), le mouvement populaire qui tentait d’imposer une véritable indépendance par rapport à l’impérialisme français. C’est à ce prix que le Cameroun est resté dans l’orbite de la France, et pendant ses 42 ans de règne, Biya ne s’est pas écarté de cette ligne. Tout au plus d’autres intérêts, américains et chinois en particulier, ont-ils pris pied dans le pays. La société franco-britannique Perenco revendique la première place dans l’exploitation pétrolière et gazière, la compagnie chinoise Sinosteel vient d’ouvrir une nouvelle mine de fer, sans oublier les multinationales d’exportation de bois précieux dont le Cameroun est un des premiers producteurs. Le prix en est une dictature impitoyable sur la classe ouvrière.

Paul Biya fait aujourd’hui figure de véritable dinosaure. Les Camerounais ne le voient presque jamais et il vit la plupart du temps à Genève, où il réside à l’hôtel Intercontinental. Dans le pays, son clan, dont il a fait la fortune en pillant les biens publics, assure la pérennité du système avec l’aide de la hiérarchie militaire. Sans doute les pays impérialistes, dont les ambassadeurs se sont abstenus de paraître à la cérémonie de proclamation des résultats, préféreraient-ils quelqu’un de plus reluisant, mais son opposant n’est guère plus présentable. Issa Tchiroma Bakary fut plusieurs fois ministre, et à ce titre il est complice des détournements de fonds publics et des crimes de Biya.

Pour la classe ouvrière camerounaise, pour celles et ceux qui manifestent aujourd’hui, il n’y a clairement rien à attendre de tous ces prédateurs.

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