Les travailleurs de la banane employés par cette filiale, PHP (Les Plantations du Haut-Penja), travaillent 12 à 15 heures par jour, payés 90 euros par mois pour 240 heures de travail.

Ces travailleurs sont sans arrêt exposés aux pesticides, y compris au moment du passage des avions chargés de les déverser au-dessus de la plantation plusieurs fois par mois. « Quand on lave les bananes, on verse des produits dans les bacs, on est censé travailler avec des gants, mais plein de gens n’en avaient pas, ou les gants se déchiraient » ; « Quand l’avion passait, notre chef ne voulait pas qu’on se mette à l’abri. » Les ONG ont repéré sur ces plantations plusieurs pesticides interdits en Europe.

La Compagnie fruitière se présente volontiers comme une simple entreprise familiale, soucieuse des « droits humains » et de l’environnement, mais elle est devenue au fil des années une véritable multinationale. En 2023, elle était à la tête de 12 700 hectares de culture de fruits et légumes, en particulier en Afrique, de quatre terminaux portuaires dédiés à leur acheminement en Europe et d’une compagnie maritime. Elle est devenue le premier employeur privé du Cameroun et le deuxième de la Côte d’Ivoire, le numéro deux européen des ventes de fruits et légumes, et elle exploite 22 500 travailleurs de par le monde. Jérôme Fabre et sa famille, les descendants du fondateur de l’entreprise, sont à la tête d’un patrimoine professionnel estimé à 170 millions d’euros en 2019.

Ces héritiers n’ont pris que la peine de naître au bon endroit, et leur fortune a été volée aux travailleurs de la banane !