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Budget de la Sécurité sociale : le compte n’y est pas
Le 17 février le projet de loi de financement de la Sécurité sociale a été définitivement adopté par le Sénat, par le biais de l’article 49.3.
La ministre du Travail Catherine Vautrin a parlé d’un texte « imparfait… mais qui a pour objectif de nous réunir et nous rassembler ». Et s’il est imparfait de son point de vue, c’est que Bayrou a dû tenir compte de la chute du gouvernement Barnier après la censure du budget qu’il a présenté. Il lui a fallu reculer sur certains points pour permettre au Parti socialiste et au RN de justifier leur refus de voter une nouvelle motion de censure.
On ne parle donc plus d’une « contribution de solidarité par le travail », c’est-à-dire des sept heures de travail supplémentaires non rémunérées, pour financer les dépenses croissantes liées au vieillissement de la population. La baisse des remboursements des médicaments et des consultations, déjà retirée par Barnier, n’est pas non plus réapparue dans le budget Bayrou.
Par contre les attaques contre les assurés n’ont pas disparu. Le fait que le remboursement des médicaments et des consultations ne baisse pas n’a pas empêché les mutuelles d’annoncer des hausses de leurs tarifs. Et ce n’est pas la taxe sur les mutuelles que le gouvernement annonce à hauteur d’un milliard qui fera passer la pilule. De même les arrêts de travail seront moins couverts, car le montant du plafond pour le calcul des indemnités journalières qui est aujourd’hui de 1,8 smic passe dans la loi 2025 à 1,4 smic. Enfin la taxe dite « lapin », devant soi-disant « responsabiliser » les patients qui ne viennent pas à des rendez-vous médicaux, a été adoptée. Le montant n’en est pas encore fixé mais il est certain que cette taxe ne résoudra pas, comme il est prétendu, le problème des déserts médicaux. Enfin de nouvelles taxes sur les sodas et édulcorants rapporteront 400 millions d’euros.
Ce budget de la Sécurité sociale n’a en tout cas pas de quoi convaincre ceux qui travaillent dans le domaine de la santé. L’annonce d’un milliard de plus pour les hôpitaux a permis, entre autre, d’obtenir la non-censure du PS, mais cela reste bien insuffisant. Il faudrait beaucoup plus quand 80 % des hôpitaux publics sont en déficit, sans parler de ceux comme l’Institut Montsouris de Paris, établissement privé à but non lucratif, qui vient d’être placé en redressement judiciaire.
Le gouvernement a ainsi fait adopter en 2025 un budget de la Sécurité sociale de 666 milliards d’euros mais avec un déficit de 22,1 milliards. Il entonne déjà l’air du « trou » à combler et des « réformes structurelles » qu’il faudra mettre en œuvre... pour le budget 2026. Cela annonce de nouvelles économies aux dépens des salariés sous prétexte de recettes. Et pourtant, même si le gouvernement fait mine de raboter quelques avantages patronaux, l’argent ne manquerait pas si on prenait sur les importantes exonérations de cotisations patronales, sur le budget de l’armée en hausse constante, ce dont, pour Bayrou et Macron, il n’est jamais question.