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Dans les entreprises
BTP : profits assurés, quel que soit le temps
Un décret promulgué le 28 juin a ajouté la canicule à la liste des intempéries ouvrant le droit au chômage technique sur les chantiers.
Créée au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, une caisse d’assurance-chômage, alimentée par les entreprises du secteur du BTP, permet d’indemniser les travailleurs en cas d’arrêt du chantier du fait des intempéries : froid, grêle, etc. Dorénavant, ce sera aussi le cas pour les fortes chaleurs.
Les travailleurs mis au chômage technique seront indemnisés, mais seulement à 80 % de leur salaire. Les conditions de travail sur les chantiers sont particulièrement pénibles, à cause du travail en extérieur mais surtout à cause de la rapacité des patrons du secteur. Les cadences à tenir, les équipements de sécurité pas toujours fournis, les effectifs insuffisants, font du BTP un des secteurs les plus à risques pour les travailleurs, souvent immigrés, avec ou sans papiers, qui construisent les immeubles et réparent les routes. D’après un bilan établi par Santé publique France, onze accidents du travail mortels en lien avec la chaleur sont survenus durant l’été 2023, dont la moitié dans le BTP. La mortalité est certainement bien supérieure car les effets de la chaleur sont plus difficiles à recenser que les chutes du haut d’un échafaudage.
Si les syndicats se réjouissent du nouveau décret, bien des ouvriers sont sceptiques, à juste titre : qui fera appliquer la mesure ? Et même si le chantier s’arrête pour des raisons techniques, il y a fort à parier que les patrons feront travailler encore plus les jours suivants pour rattraper les délais.
Pour les capitalistes du BTP, la rentabilité passe avant tout, et avant la vie des travailleurs.