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Dans le monde
Brésil : Procès de BHP et d’un capitalisme dévastateur
Le procès contre le géant minier australien BHP vient de s’ouvrir à Londres. En 2015, une catastrophe d’une ampleur inégalée jusque-là au Brésil s’était produite : deux barrages s’étaient rompus qui retenaient des déchets d’une mine de fer propriété de sa filiale Samarco, près de Mariana, une ville de l’État de Minas Gerais, au sud- est du pays.
Un torrent de boues toxiques s’était répandu sur 650 kilomètres, le long du fleuve Rio Doce, jusqu’à l’océan Atlantique. Il y eut 19 morts, pour beaucoup employés de la mine ; des villages furent dévastés, des milliers d’animaux tués et une bonne partie de la forêt de cette région touchée.
Un des deux sièges de la société BHP était à Londres à l’époque, ce qui justifie les poursuites judiciaires engagées par les victimes, qui espèrent davantage en la justice britannique qu’en la justice de leur propre pays, où elles ont aussi porté l’affaire devant les tribunaux. On verra si l’avenir leur donne raison.
Le montant total des dommages et intérêts réclamés par les victimes s’élève à 36 milliards de livres (43 milliards d’euros). Cela peut paraître énorme mais s’explique par le nombre de plaignants, 620 000, dont 46 municipalités, des entreprises, plusieurs peuples autochtones, etc., qui exigent à juste titre, par tous les moyens possibles, ce qui leur apparaît comme le minimum de réparations. Ils font face à un géant minier qui a enrichi depuis des dizaines d’années des actionnaires au plus grand mépris de la vie des mineurs, de leur famille et des populations, sans parler de la nature tout simplement dévastée au Brésil ou ailleurs.
Dans le monde capitaliste, au Brésil ou à Londres, les représentants de ce genre de trust ont plus d’un moyen de faire traîner les affaires judiciaires en longueur et peuvent recourir à bien des tours et détours, appuyés par une armée d’avocats, avant de devoir sortir le moindre centime. On en sait quelque chose en France avec des exemples comme la catastrophe d’AZF à Toulouse, et l’on pourrait en citer bien d’autres.
L’entreprise payera… peut-être. Mais les profits produits par la sueur et le sang des travailleurs en mettant la planète à sac, déjà encaissés par les actionnaires, sont certainement mis à l’abri.