Boeing : opacité et insécurité sont les mamelles du profit19/06/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/06/une_2916-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Boeing : opacité et insécurité sont les mamelles du profit

Le 18 juin, une commission d’enquête du Sénat américain a auditionné le PDG de Boeing, suite à une série de scandales sur les conditions de sécurité douteuses dans lesquelles sont produits ses avions.

Le 30 avril, aux États-Unis, un deuxième lanceur d’alerte qui avait rendu publiques les malfaçons du constructeur d’avions Boeing avait été retrouvé mort dans des circonstances suspectes.

Cet homme, âgé de 45 ans et en très bonne santé, a été emporté par une pneumonie foudroyante. Il avait été licencié l’an dernier de son emploi de contrôleur qualité chez un sous-traitant de Boeing pour avoir signalé que des trous étaient mal percés dans des cloisons du 737 Max.

Un mois et demi auparavant, un autre lanceur d’alerte avait été retrouvé mort : il est supposé s’être auto-infligé une blessure mortelle dans sa voiture, juste avant son audition par la justice. Cet ingénieur qualité à la retraite avait indiqué que, pour accélérer la construction des avions et combler des retards dans les plannings de production, la direction de Boeing avait utilisé des pièces au rebut.

Depuis qu’en janvier une cloison s’est détachée d’un Boeing 737 Max en plein vol, les révélations sur les failles de sécurité de ce trust aéronautique s’enchaînent. Déjà un avion Boeing du même modèle était tombé au large de l’Indonésie en 2018, entraînant la mort de 189 personnes, et un autre en Éthiopie en 2019, tuant 157 personnes. Dans les deux cas le système des commandes de vol a été mis en cause.

Depuis, la guerre commerciale acharnée avec Airbus pour un marché très disputé continue. À la recherche d’économies, Boeing s’est débarrassé de nombreux employés pendant la crise du Covid et tous n’ont pas été réembauchés : il manque 16 000 travailleurs qualifiés. La qualité des processus de fabrication a baissé, pendant que les contrôles-qualité ont été allégés. Les travailleurs sont fortement dissuadés de signaler les défauts à leur hiérarchie, qui regarde ailleurs. Du moment que les profits sont au rendez-vous, tout cela importe peu aux actionnaires.

Quant à la disparition opportune de témoins des manquements à la sécurité, on ne peut rien contre la fatalité…

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