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Leur société
Bayrou : au milieu… de l’extrême droite
À l’approche du vote du budget, prévu lundi 3 février, Bayrou donne des gages à tous les partis, de tous bords, pour éviter que son gouvernement soit censuré. Et ça a fonctionné une fois, puisque les députés du PS n’ont pas voulu voter une première motion de censure le 16 janvier. Mais rien ne dit qu’il en sera de même dans l’avenir.
Ce prétendu équilibrisme donne en réalité de plus en plus de poids à l’extrême droite. D’un côté, le Premier ministre a fait semblant de céder quelque chose « sur sa gauche » avec le conclave sur la réforme des retraites et le retrait des 4 000 suppressions de poste annoncées dans l’Éducation nationale. Mais le fait que cela a suffi comme garanties aux députés du PS montre à quel point ces derniers sont complices de la manœuvre de Bayrou pour endormir leurs propres électeurs.
Le conclave, en absence de mobilisation massive, n’apportera rien de bon aux travailleurs. Le patronat est à l’offensive et, geste symbolique, avant même que la comédie du dialogue social ne commence, le quotidien Les Échos avait réclamé à sa Une « La retraite à 65 ans ! » Quant aux suppressions de postes dans l’éducation, le gouvernement a peut-être reculé, mais il serait naïf de croire que ce n’est pas pour mieux sauter. Rien ne dit qu’elles ne seront pas de nouveau programmées et vite.
Côté extrême droite, le gouvernement flatte de plus en plus les préjugés racistes et sécuritaires. Lors d’une longue émission sur LCI lundi 27 janvier, Bayrou a expliqué que « les apports des étrangers étaient positifs (…) à condition qu’ils ne dépassent pas une proportion », continuant sur le fait qu’en France, il y aurait « une submersion ». Le même jour sur d’autres chaînes, Darmanin, ministre de la Justice, a annoncé le durcissement de sa politique pénale contre les mineurs, et Retailleau, ministre de l’Intérieur, a éructé toute sa haine contre les immigrés et évoqué tous les projets qu’il rêve d’appliquer si on lui laisse les mains libres.
Et puis, alors que les derniers chiffres du chômage venaient d’être publiés, révélant une brutale aggravation de la situation, Bayrou a tenu à rappeler que « toujours frapper l’entreprise et ce qu’on appelle les grandes entreprises, c’est se tromper de cible ».
Tout cela profite au Rassemblement national à qui Bayrou prépare le terrain, en reprenant ses arguments et sa propagande. L’extrême droite peut apparaître comme celle qui peut imposer la politique réactionnaire dont ses concurrents se sont vantés, mais qu’ils n’ont pas vraiment osé appliquer. Quoi que feront Darmanin et Retailleau, le RN pourra toujours prétendre que ce n’est pas assez et capitaliser ainsi le ressentiment de nombre de ceux qui se sentent victimes de la crise mais préfèrent se tourner vers des politiciens qui désignent les immigrés comme boucs émissaires.
Le seul obstacle à leur opposer peut venir de la classe ouvrière si elle reprend confiance dans sa force collective en luttant pour sa survie contre les attaques du grand patronat.
Pas plus que ses prédécesseurs, Bayrou n’est un barrage contre la progression de l’extrême droite.