Bangladesh : les étudiants en lutte24/07/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/07/une_2921-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C3%2C1281%2C1663_crop_detail.jpg

Dans le monde

Bangladesh : les étudiants en lutte

Depuis le 17 juillet, au Bangladesh, les étudiants manifestent contre le retour des quotas de recrutement dans la fonction publique. Le gouvernement a répondu par la répression policière, faisant au moins 174 morts et 2 500 arrestations accompagnées de violences contre les prisonniers. Un couvre-feu a été instauré et les communications via Internet restent bloquées.

La fonction publique est le secteur qui offre à ses salariés un statut social et une paie un peu moins bas, ainsi que la sécurité de l’emploi et une pension de retraite. Depuis 1972, un quota de recrutement réservait 56 % des emplois à certaines catégories, dont 30 % allaient aux descendants des soldats ayant combattu pour l’indépendance d’avec le Pakistan en 1971. Mais suite à des manifestations étudiantes en 2018, ces quotas avaient été revus à la baisse, n’accordant que 3 % des emplois aux descendants des combattants et 2 % aux minorités ethniques.

Or, début juin, sous la pression de la Première ministre Sheikh Hasina, la Cour suprême avait rétabli l’ancien système, privant ainsi la majorité des étudiants d’un espoir d’avenir. Cela a déclenché leur révolte qui, partie de Dacca, s’est étendue aux autres universités du pays. Mais la question des quotas n’est, comme l’a exprimé un journaliste, « que la partie émergée de l’iceberg. » Si l’économie du Bangladesh connaît une croissance rapide, elle ne profite qu’à une minorité de privilégiés, laissant de côté les 18 millions de jeunes diplômés sans emploi. Les étudiants dénoncent aussi la corruption, qui est le mode de fonctionnement des riches industriels de la confection ayant une place dans les allées du pouvoir, tandis que la population doit faire face au chômage et à une inflation autour de 10 %, alors que les salaires stagnent. Les grèves fréquentes des travailleurs de la confection témoignent des conditions sociales dramatiques d’une grande partie de la population.

Devant la détermination des étudiants, la Cour suprême a fait marche arrière en revenant aux quotas de 2018. Cependant, tant que le gouvernement n’aura pas avalisé cette répartition et que dureront le couvre-feu et les interdictions de communication par Internet, les étudiants n’entendent pas céder, malgré le grand nombre de victimes des violences policières.

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