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Dans les entreprises
Automobile : guerre aux travailleurs pour les profits
Les industriels de l’automobile annoncent une « panne » du marché. Pour maintenir leurs marges, ils ont planifié une véritable offensive contre les travailleurs du secteur.
Le cabinet S&P vient d’estimer qu’il sera produit 89,5 millions de véhicules dans le monde cette année. Alors qu’en 2023, la production avait progressé de près de 10 %, elle serait cette année en repli, avec une baisse plus prononcée en Europe, de 3 à 4 %, tandis qu’elle serait stable aux États-Unis et en légère croissance en Chine. Les industriels comptaient surtout sur la reconversion du parc automobile vers les véhicules électriques avec de larges subventions de tous les États de la planète pour vendre des véhicules toujours plus cher. Or les ventes de véhicules électriques ont stagné. Leur production serait aujourd’hui de 40 à 45 % inférieure à ce qui était prévu.
Mais si le marché de l’automobile semble se retourner, il n’en est rien des marges des constructeurs. Stellantis vient d’annoncer une chute de ses ventes de 14 % pour le premier semestre au niveau mondial, mais assure 10 % de marge opérationnelle. Les marges des grandes marques se positionnent toutes entre 5 et 10 %, de quoi rassurer les actionnaires quant à leurs futurs dividendes. Dans la sous-traitance automobile, les marges sont certes traditionnellement inférieures, s’établissant entre 4 et 6 % mais elles sont même annoncées à la hausse. C’est que les industriels non seulement vendent des véhicules toujours plus cher mais ils s’attaquent surtout à ceux qui les fabriquent pour amortir les aléas du marché.
Chez Stellantis, plusieurs usines sont sur la sellette. Celle d’Audi à Bruxelles est plus que menacée. Dans la sous-traitance, après MA France, Magna, c’est Valeo qui supprime plus de 1 000 emplois en France dans trois sites, après avoir annoncé la suppression de 1 150 emplois dans le monde au début de l’année. Forvia, l’ex-Faurecia, a programmé la suppression de 10 000 postes en Europe. En Allemagne, après Bosch qui a annoncé la suppression de 7 000 postes et Continental celle de 7 150 emplois, c’est l’équipementier automobile ZF qui se prépare à en supprimer 14 000.
Dans un marché qui ne s’étend plus, la guerre commerciale entre constructeurs ne peut que s’intensifier à l’échelle mondiale. Pour garantir leurs profits, les constructeurs vont obtenir des États qui leur sont proches des subventions et des protections, comme des tarifs douaniers limitant la concurrence étrangère, notamment en provenance de Chine. Mais la guerre sociale que les industriels mènent depuis toujours contre les travailleurs ne cesse pas, et même elle s’accentue.