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Dans les entreprises
Ascometal : un sursis pour les travailleurs
Vendredi 31 mai, les travailleurs d’Ascometal, à Hagondange en Moselle, ont décidé de suspendre la grève démarrée le lundi précédent à l’appel de la CGT.
La veille, le tribunal de commerce de Strasbourg avait décidé de prolonger d’un mois le redressement judiciaire du groupe, qui menaçait d’être mis en liquidation puisque le seul repreneur déclaré menaçait de se retirer.
Swiss Steel, l’ancien propriétaire d’Ascometal, ayant mis le groupe en redressement judiciaire, celui-ci est en passe d’être revendu à la découpe. Le site de Fos vient d’être repris par le groupe Marcegaglia, le site de Leffrinckoucke près de Dunkerque attend, comme Hagondange et Custines, le verdict du tribunal fin juin.
C’est le troisième redressement judiciaire en dix ans. À chaque fois, la reprise est l’occasion pour les financiers qui se présentent en sauveurs de se se payer sur la bête et d’empocher les subventions publiques. Mais, reprise après reprise, les conditions de travail sont de pire en pire dans l’entreprise, où les investissements promis ne sont jamais réalisés.
Ce qui a motivé le sursis du tribunal est le fait que la communauté de communes Rives de Moselle, 50 000 habitants, a promis d’apporter 15 millions au capital. Du coup, le groupe sidérurgique Acciaierie Venete, seul repreneur déclaré, serait de nouveau intéressé à reprendre les usines d’Hagondange et Custines en Lorraine. Cela vient après qu’il a fait le chantage de se retirer si l’ancien propriétaire Swiss Steel ne prenait pas en charge les frais de désamiantage du site.
Du coup, d’autres repreneurs, par l’odeur des euros alléchés, se mettraient sur les rangs, comme le fonds d’investissement Greybull. D’autant que le ministre de l’Industrie a déclaré dans la presse régionale que, « dans la passation entre Swiss Steel (actionnaire d’Ascometal) et Venete, l’État était OK pour abandonner 54 millions de dette lors de la première offre. On est à plus de 90 millions désormais. » Ces aides publiques vont creuser les déficits, au nom du sauvetage de l’emploi, mais le gouvernement les fera payer aux travailleurs, en remboursant moins les arrêts maladie ou les chômeurs dont les droits sont laminés sous prétexte de déficit.
Actionnaires et repreneurs jouent au poker menteur en faisant chanter les pouvoirs publics. Mais, pour le gouvernement, il n’est pas question de demander aux actionnaires d’Ascometal, qui se sont enrichis sur le travail des salariés, de mettre la main à la poche pour leur assurer un avenir.
Et pourtant, la fortune d’un seul des gros actionnaires de Swiss Steel, 14e fortune de Suisse, suffirait à assurer la paye des 650 travailleurs d’Ascometal Hagondange pendant… 170 ans, cotisations sociales comprises.