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Dans les entreprises
Ascometal : bataille de requins aux dépens des travailleurs
Vendredi 24 mai, les travailleurs de la partie auto d’Ascometal, soit les sites d’Hagondange et Custines en Lorraine, ont appris que le seul repreneur en lice pour continuer l’activité se retirait.
Ce repreneur se dit en désaccord avec l’actuel propriétaire, Swiss Steel, qui ne veut pas payer les onze millions de frais de désamiantage et de dépoussiérage du site. Swiss Steel a repris le groupe Ascometal il y a six ans, et il estime qu’il n’y fait pas assez d’argent. Il a mis le groupe en vente, et la date limite pour qu’un repreneur se présente était fixée au lundi 27 mai. Le tribunal de commerce de Strasbourg devait se prononcer jeudi 30 mai, soit pour la reprise, soit pour liquider la partie auto d’Ascometal.
Acciaierie Venete, seul repreneur déclaré, refuse de continuer à discuter sous prétexte que Swiss Steel ne veut pas payer les onze millions. Visiblement il s’agit de faire monter les enchères, plus personne ne voulant de ces usines qui emploient plus de 600 travailleurs, ce qui plonge dans l’angoisse des centaines de familles. Alors, lundi 27 mai, 200 travailleurs se sont rassemblés à l’appel de la CGT pour une assemblée générale qui a décidé la grève et le blocage du site.
Depuis la mise en redressement judiciaire, la direction avait demandé aux salariés de travailler 12 heures par jour pour refaire le stock et pour que l’entreprise soit vendable à Acciaierie Venete. Créée par Renault en 1932 pour ses besoins, ce qui s’appelait alors la SAFE (Société des aciers fins de l’Est) a employé à Hagondange jusqu’à 3 000 travailleurs vingt ans plus tard. Renault l’a revendue ensuite à Usinor en 1980, et l’ensemble s’est appelée Ascometal en 1985. Il a été revendu au groupe sidérurgiste Lucchini en 1999, puis au fonds d’investissement Apollo en 2011, qui l’a saigné à mort en lui prêtant de l’argent à 16 % d’intérêt, puis en 2018 à Swiss Steel… qui n’en veut plus aujourd’hui. C’est le troisième redressement judiciaire en dix ans. Et c’est la deuxième fois en moins de trois mois qu’Acciaierie Venete se retire de la reprise d’Ascometal.
En fait, tous jouent au poker menteur avec les emplois des travailleurs, dont ils se soucient comme de leur premier million. Et tous espèrent que l’État mettra la main à la poche avec l’argent des impôts, sous prétexte de sauver des emplois, qui ont été massacrés au gré des différentes reprises.
La CGT fait appel à Macron pour empêcher la liquidation. Mittal avait liquidé l’aciérie de Gandrange sous Sarkozy, les hauts fourneaux de Florange sous Hollande, administrant la preuve que ceux qui décident sont les capitalistes, et non les pantins qui gouvernent. Il faut prendre sur les fortunes de tous ces capitalistes et ces financiers qui se sont enrichis depuis 90 ans qu’existe Ascometal, afin que les travailleurs d’Ascometal et de ses sous-traitants puissent avoir un avenir.