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Leur société
Ascenseurs : hors service…
L’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi du Parti socialiste visant à « lutter contre les pannes d’ascenseur non prises en charge. »
Les députés PS ont revêtu le costume de grand justicier et font mine de s’attaquer avec poigne à ce fléau. Face aux 4 000 pannes quotidiennes d’ascenseur qui pourrissent la vie, principalement celle des habitants de HLM, leur projet de loi impose aux propriétaires d’immeuble, en cas de panne, d’informer les ascensoristes dans un délai de deux jours. À partir de là, les ascensoristes disposent de deux jours pour intervenir et huit jours pour régler le sinistre.
Mais une lecture plus attentive du projet de loi montre la profondeur du vide. Ces délais d’intervention sont à respecter « sauf motifs impérieux » : autant dire que les ascensoristes, qui sont hostiles à ce projet de loi, ne manqueront pas d’invoquer de tels motifs pour éviter de payer les sanctions financières prévues en cas de non-respect des délais.
Ce texte évoque de nombreux cas où les délais ne seront pas respectés. Par exemple, à défaut d’une solution dans les deux jours, des mesures d’accompagnement de certains publics (personnes handicapées ou âgées, famille monoparentale avec enfant en bas âge, personnes malvoyantes et non-voyantes) doivent être mises en place, afin d’assurer le ravitaillement alimentaire ou l’accès aux soins.
Quant aux ascensoristes, ils n’ont pas eu de mal à faire entendre leurs doléances. Comme ils invoquent la hausse des coûts qui pourrait dériver de l’obligation de constituer et maintenir des stocks de pièces, le gouvernement est intervenu en leur faveur. Finalement, la liste de ces pièces, établie par décret, fera l’objet d’une concertation avec les professionnels. Autant dire qu’elle ne risque pas d’être exhaustive !
Alors, pour qui se retrouve prisonnier de son appartement car physiquement incapable de passer par les escaliers, pour qui a déjà appelé dix ou vingt fois le bailleur pour demander la réparation de l’ascenseur, pour qui a fait du porte-à-porte chez les voisins pour leur faire signer la pétition qui conteste le paiement de charges pour un ascenseur en panne… Pour tous ceux-là, cette proposition de loi sonne comme la chanson de Dalida : « Paroles, paroles, paroles ».