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Leur société
Arrêts maladie : une offensive contre les salariés
Le directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), Thomas Fantôme, a annoncé que les arrêts maladie seraient en hausse de 8,5 % sur les six premiers mois de 2024 et que leur coût a augmenté de 5,4 milliards d’euros depuis 2015, pour atteindre 15,8 milliards d’euros en 2023. On friserait donc la catastrophe !
La Cnam prétend voir derrière ces arrêts maladie les « comportements abusifs et la fraude ». Pour elle, et d’ailleurs pour tous les ministres, à commencer par Bruno Le Maire, les seuls responsables sont les malades qui s’arrêtent plus et plus longtemps, et leurs médecins qui les arrêtent trop et leur accordent des arrêts de complaisance.
Reprendre ces vieux mensonges n’en fait pas pour autant des vérités. Si les malades demandent des arrêts et si leurs médecins les accordent, il faut vraiment être directeur de la Cnam ou ministre des Finances pour y voir une fraude, sans imaginer que les pressions et les conditions de travail de plus en plus difficiles, entraînant des burn-out et des maladies chroniques, suffisent largement à justifier ces arrêts en hausse.
Les malades ne sont pas des menteurs et des fraudeurs, pas plus que leurs médecins. Ceux-ci dénoncent d’ailleurs les campagnes répétées de la Cnam et du gouvernement contre les médecins « grands prescripteurs ». Beaucoup sont en butte à des enquêtes pour « justifier » leurs arrêts et peuvent être condamnés à des amendes, voire mis sous contrôle. Ainsi, en 2023, la Cnam avait envoyé à un millier de médecins généralistes un courrier exigeant une diminution de leurs arrêts maladie. Pire, six médecins du Tarn avaient été condamnés à soumettre leurs arrêts de travail au contrôle de la Cnam. Des médecins, pour atteindre les « objectifs » de la Cnam, avaient réduit leurs horaires de consultation, obligeant leurs malades à chercher un médecin ailleurs… une vraie galère vu l’extension des déserts médicaux. Parfois, le gouvernement a utilisé plutôt la carotte que le bâton, en proposant des primes aux médecins qui prescriraient moins.
Toutes ces méthodes scandaleuses font des salariés des coupables et des médecins leurs complices. S’inquiéter des conditions de travail qui se dégradent dans les entreprises serait bien trop demander à des ministres et hauts fonctionnaires qui ont les yeux rivés sur les bilans financiers. Et si abus il y a, ce n’est sûrement pas dans le nombre d’arrêts maladie et dans la pratique des médecins, mais dans l’exploitation des salariés dans les entreprises.