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Allemagne : Volkswagen peut et doit payer !
Les menaces se précisent en Allemagne pour les travailleurs de Volkswagen. La direction s’apprête, selon les dirigeants du comité d’entreprise et du syndicat IG Metall, à s’attaquer aux salaires et même aux emplois.
Après la résiliation, en septembre, de l’accord sur la garantie de l’emploi qui courait jusqu’en 2029, le constructeur envisagerait à présent de fermer trois usines de la marque sur les dix existant en Allemagne. Sur les presque 120 000 salariés, des dizaines de milliers pourraient perdre leur emploi. Pour atteindre l’objectif annoncé de 4 milliards d’euros d’économies d’ici 2026, le plan d’attaques prévoirait aussi une réduction de 10 % des salaires et une suppression de primes, en particulier d’ancienneté, un gel des salaires sur les deux prochaines années, et peut-être la fermeture d’une quatrième usine dans une filiale chinoise.
Les raisons invoquées pour cette « saignée à blanc d’une dimension historique », comme le dit la dirigeante du Betriebsrat, le comité d’entreprise, sont au fond celles qu’invoquent tous les constructeurs automobiles du monde en ce moment. Les patrons du groupe dont VW est la marque phare, à côté d’Audi et de Porsche notamment, déplorent la baisse des ventes des voitures allemandes sur le marché chinois, la hausse des prix de l’énergie après la fin de la livraison officielle de gaz russe bon marché, la hausse des matériaux et des salaires… Ils y ajoutent la baisse du PIB du pays, de 0,2 % pour la deuxième année consécutive, signe d’une croissance en berne.
Pourtant, du côté des coffres-forts de la firme, les actionnaires peuvent se frotter les mains. Avec 17,9 milliards d’euros de bénéfices en 2023 (+ 13 % en un an), le groupe a vendu plus de 9 millions de voitures dans le monde, et même 7,9 % de plus en Allemagne. Tout au plus son profit s’est-il affiché à 7 %… contre 7,9 % l’année précédente. C’est sans doute là que le bât blesse, car pour ces requins ce taux doit sans cesse grimper, concurrence oblige, et quoi qu’il en coûte à l’ensemble de la société ; et même si cela se traduit par des dizaines de milliers de travailleurs à la rue.
Le représentant du chancelier allemand Olaf Scholz a mollement protesté, avançant que les salariés n’ont pas à faire les frais des décisions économiques de VW. C’est le moins qu’on puisse dire ! Le syndicat IG Metall évoque la possibilité d’« une grève massive ». C’est bien la riposte qui s’imposerait immédiatement sans attendre décembre et la fin de la période de Friedenspflicht (devoir de paix), la trêve des conflits liée aux conventions patronat-syndicats.