Chez Airbus Helicopters, à Marignane, l’annonce de 1,4 % d’augmentation des salaires a été perçue comme un affront par beaucoup de travailleurs. Alors que la division hélicoptères d’Airbus bat des records de vente, cette augmentation d’une vingtaine d’euros a provoqué la colère.

Dans le secteur Mécanique, qui emploie environ 600 travailleurs, dont la moitié d’ouvriers répartis dans quatre hangars, beaucoup étaient convaincus d’agir pour obtenir 300 euros d’augmentation uniformément pour tous. Après s’être concertés discrètement les jours précédents à chaque pause-café, les travailleurs du secteur ont choisi leur moment : mercredi 3 avril à 6 h 30, l’équipe du matin a arrêté le travail et défilé atelier par atelier dans les hangars de la Mécanique. À chaque machine-outil, à chaque poste d’ajustage, les grévistes s’arrêtaient, discutaient avec leurs collègues qui rejoignaient le mouvement, seuls restant en poste les intérimaires qui montraient leur sympathie pour celui-ci. La surprise des chefs était totale.

Après plusieurs tours dans les ateliers de la Mécanique, les grévistes se sont retrouvés devant le bâtiment, à 70 environ. Des délégués FO et CFTC se sont relayés pour essayer de leur dire de reprendre le travail, peine perdue.

Les grévistes s’étaient regroupés à côté de la place de parking réservée pour la (grosse) voiture du chef de département qui a dû leur faire face en arrivant. Il a tenté d’expliquer que « les négociations ne sont pas finies » mais s’est heurté à la méfiance générale. Quand il a ajouté « Les salaires augmentent à Airbus », il n’a pas convaincu, chacun sachant bien que son pouvoir d’achat recule. Sa conclusion enfin qu’il fallait reprendre le travail et « ne pas se laisser monter la tête » a été très mal prise par les grévistes qui n’ont pas apprécié ce mépris.

Au bout d’une heure et demie, satisfaits de l’effet produit, les grévistes ont voté que « si l’un d’entre [eux] est menacé pour sa participation au mouvement, ils le défendraient en arrêtant le travail » ; et qu’ils repartiraient en grève selon le résultat de cette pseudo- négociation dont ils n’attendent pas grand-chose. Comme l’a dit un ouvrier à un délégué CFTC venu leur dire de reprendre : « Notre négociation, elle est ici ! »