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Dans les entreprises
Air Austral : un accord qui taille dans les salaires
Trois syndicats (CFDT, FO, SNPL) de la compagnie aérienne locale Air Austral ont signé le 9 mai un accord de performance active (APC) avec leur direction, avec l’accord du quatrième syndicat, l’UNSA.
Cet accord entérine une baisse de salaire de 10 % et la perte du 13e mois pendant deux ans pour les 850 salariés de cette entreprise. La direction d’Air Austral économisera ainsi 11,2 millions d’euros sur la masse salariale.
L’accord s’appuie, disent les signataires, sur un sondage effectué auprès des salariés qui aurait recueilli 53,47 % de « oui », et donc aussi l’opposition de près de la moitié des effectifs de l’entreprise. Il fait suite à un premier APC conclu deux ans plus tôt, censé renflouer les caisses et ainsi « sauver la compagnie » ! Il avait déjà permis à la direction d’économiser 12,7 millions d’euros aux dépens des salariés.
Aujourd’hui, la direction d’Air Austral se dit à nouveau en difficulté financière à cause d’avions indisponibles et de la nécessité de contourner le Soudan en guerre pour la ligne qui relie Paris à La Réunion. La ficelle est un peu grosse, car le nombre de passagers débarquant à l’aéroport de Gillot n’a jamais été aussi élevé et Air Austral a augmenté en deux ans ses tarifs de 30 %, comme toutes les autres compagnies aériennes. Elle a aussi bénéficié d’un effacement de ses dettes fiscales et sociales de 120 millions d’euros ainsi que de millions d’euros d’aides de l’État et du conseil régional de La Réunion qui vient de remettre 5,5 millions d’euros au pot, alors que les actionnaires privés, des capitalistes réunionnais, n’ont apporté que 4,5 millions !
À l’annonce de la signature de ce dernier APC, Brema, le directeur d’Air Austral, a « salué l’esprit de responsabilité des syndicats », ajoutant qu’il pourrait ainsi « aller discuter avec nos créanciers et demander à l’État de nous soutenir dans cette restructuration » ! En voilà un à qui le gavage d’aides publiques n’a pas coupé l’appétit !
De son côté, l’ex- dirigeante du PCR et candidate sur la liste LFI à l’élection européenne, Huguette Bello, en tant que présidente du Conseil régionale qui est actionnaire à 45 % de la compagnie, rétrocédée aux intérêts privés avec sa bénédiction, a déclaré « remercier les salariés pour leur contribution qui témoigne d’un grand sens des responsabilités ». Et d’ajouter : « Je sais en effet ce que cela signifie en terme d’effort personnel pour chacune et chacun des salariés. »
Tout ce petit monde de patrons, de politiciens « pays » et de bureaucrates syndicaux s’acoquinent pour faire avaler la pilule des sacrifices aux travailleurs.