Tout est fait pour laisser le champ libre aux grosses exploitations, qui seraient brimées dans leur développement par une législation tatillonne. La proposition de loi est portée par deux sénateurs de droite, l’un, Laurent Duplomb, du parti Les Républicains, l’autre, Franck Menonville, de l’Union centriste. Tous deux sont passés par la FNSEA, le syndicat d’exploitants agricoles majoritaire, porte-parole des gros exploitants. Ils en reprennent les exigences au nom de la compétitivité de l’agriculture française face à ses homologues étrangers.

Leur texte demande, entre autres, la réintroduction de pesticides de la famille des néonicotinoïdes, comme l’acétamipride, réclamée par les entreprises agricoles de la noisette, des pommes, des navets, ou de la betterave sucrière, une production de grandes exploitations. Or ce produit, interdit en France mais pas partout en Europe, qui tue les abeilles en même temps que les pucerons, a fait l’objet d’une alerte de l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (ANSES) pointant ses dangers pour le système nerveux humain.

Dans la foulée, le texte réclame également l’extension de bâtiments d’élevage, la simplification des règles pour la protection de l’environnement, que l’épandage de ces produits chimiques puisse être fait par drone, et que les réunions publiques d’information lors de projets touchant à l’environnement soient facultatives. Il prône aussi le développement des mégabassines qui, comme le rappellent les ONG, profitent essentiellement à une minorité d’agriculteurs.

Coïncidence ou pas, à l’heure des élections aux chambres d’agriculture, les promoteurs de ce projet de loi se font les porte-voix des gros exploitants, sous couvert d’aide à tous les agriculteurs.