Agriculteurs : la colère couve toujours30/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/11/une_2935-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Agriculteurs : la colère couve toujours

Une dizaine de mois après le dernier mouvement, des rassemblements se sont tenus à l’appel des principaux syndicats agricoles dans plusieurs villes d’Occitanie, comme Foix, Auch, Montauban. Les agriculteurs menacent de se mobiliser à partir de mi-novembre, notamment en cas de signature d’un accord commercial entre l’UE et le Mercosur.

Les agriculteurs réclament des aides pour faire face aux mauvaises récoltes et aux épidémies qui ont mis à mal les troupeaux. Ils dénoncent aussi la lenteur dans l’application des promesses du précédent gouvernement : l’examen au Parlement de la loi d’orientation agricole, interrompu par la dissolution, ne doit reprendre qu’en janvier et, si l’État assure avoir traité les retards de versement des subventions européennes de 2024, des agriculteurs s’inquiètent du retard déjà accumulé pour celles de 2025.

Les syndicats agricoles insistent sur leur rejet de l’accord en discussion entre l’UE et le Mercosur, une zone de libre-échange entre l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay, le Paraguay et la Bolivie. Les gros exploitants qui dirigent les principaux syndicats agricoles n’ont pas de scrupule à récupérer les subventions européennes ni à exporter leurs marchandises. Mais, pour empêcher leurs concurrents étrangers de leur prendre des parts de marché, ils se déguisent en défenseurs de la santé des consommateurs et des revenus des petits paysans qui seraient menacés par les importations. En fait, en 2023, les exportations françaises dépassaient de 6,5 milliards d’euros la valeur des importations, pour le secteur agroalimentaire !

Ce n’est pas le Mercosur qui tue les petits paysans mais les banques, les industriels qui leur vendent au prix fort matériel et matières premières, ainsi que les capitalistes de l’agroalimentaire et de la grande distribution qui leur volent le fruit de leur travail en dictant leurs prix.

Il y a quelques semaines, Lactalis en a fourni un nouvel exemple en décidant de diminuer brutalement de 9 % sa collecte de lait pour accroître sa rentabilité, laissant désemparés des centaines d’éleveurs. Pour désamorcer leur colère, deux autres groupes envisagent d’acheter le lait dont Lactalis ne veut plus, mais les laiteries concernées se situent dans l’Ouest de la France, alors que 150 des éleveurs frappés par la décision de Lactalis vivent à l’autre bout du pays. Qui paierait et organiserait le transport ? Sûrement pas la famille Besnier, propriétaire de Lactalis à la tête d’une fortune de 14,5 milliards d’euros accumulés sur le dos des éleveurs qui lui livrent le lait et des ouvriers qui le transforment.

Les syndicats agricoles cherchent-ils surtout à se faire valoir à l’approche des élections professionnelles, prévues dans trois mois ? Va-t-on vers une nouvelle explosion de colère du monde agricole ? En tout cas, c’est contre les capitalistes qui les étranglent que les petits paysans doivent se retourner, y compris les gros exploitants qui dirigent les grands syndicats agricoles et ont construit leurs exploitations en marchant sur les cadavres des petits.

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