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- Lutte ouvrière n°2902
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La direction condamnée aux Prud’hommes
En 2019, un mouvement collectif de recours au droit de retrait s’était propagé chez les cheminots de la région Champagne-Ardenne, puis à l’échelle du pays, suite à un accident ferroviaire.
La direction de la SNCF avait contesté ce droit de retrait et opéré des retenues sur salaire. Le conseil des prud’hommes vient de condamner cette action de la SNCF.
Le 16 octobre 2019, lorsqu’un TER avait percuté un convoi exceptionnel sur un passage à niveau près de Boulzicourt, dans les Ardennes, l’agent de conduite était le seul cheminot à bord, en raison de la politique d’équipement à agent seul (EAS) imposée depuis plusieurs années par la direction de la SNCF au mépris de la sécurité et de l’opposition des cheminots. Le conducteur, blessé, avait dû effectuer lui-même les procédures de sécurité en marchant sur les voies une torche à la main sur des centaines de mètres pour éviter un sur-accident, alors que les 70 usagers du train étaient livrés à eux-mêmes après le choc.
Le soir-même, les contrôleurs et conducteurs de la région avaient cessé le travail, plus aucun train ne circulant entre Reims, Épernay et Charleville. Puis le mouvement s’était étendu comme une traînée de poudre à l’échelle du pays malgré les menaces de l’encadrement, touchant aussi les Intercités et les TGV. Cette réaction largement spontanée était une démonstration de force et de solidarité face à l’irresponsabilité de la direction.
Le jugement du conseil des prud’hommes est cette fois favorable aux travailleurs en reconnaissant que les cheminots, en raison de cette politique d’équipement à agent seul, « faisaient face à un danger imminent ». La SNCF devra payer un rappel pour rembourser les retenues de salaire. Mais cette politique et ce danger permanent pour les cheminots et les voyageurs se poursuivent. Seule l’action collective peut y mettre un coup d’arrêt.