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Leur société
Salon de l’agriculture : show politique et colère légitime
Samedi 24 février, sur fond de mobilisation des agriculteurs, l’ouverture du Salon de l’agriculture et les plans de récupération politique orchestrés par Macron ont été chamboulés.
Cette année, la mobilisation des paysans a rattrapé ce Salon, haut-lieu de la comédie politicienne traditionnelle. Dans les jours précédents, Macron avait bien tenté de jouer ses atouts préférés, dont l’organisation d’un « grand débat ». Ce dernier a dû être annulé en hâte. D’autant que l’Élysée voulait y convier, outre les représentants classiques des patrons de l’agroalimentaire et des syndicats agricoles, le collectif écologiste des Soulèvements de la Terre que le ministère de l’Intérieur avait tenté de dissoudre en 2023 !
Si Macron n’a pas retiré de tout cela le profit politique escompté, les tractations avec les responsables syndicaux ont, elles, continué bon train, le président prenant le petit-déjeuner avec Arnaud Rousseau de la FNSEA, les représentants de la Coordination rurale et des Jeunes agriculteurs, avant de tenir sa conférence de presse. Il y a annoncé des mesures comme la fixation d’un prix plancher pour chaque production ou une année blanche pour permettre aux agriculteurs de rembourser leurs crédits. Il a ensuite tenté d’en faire la promotion auprès d’une trentaine d’agriculteurs triés sur le volet.
Que serait « l’année blanche », cela reste à voir : il semble qu’au mieux, elle serait blanche en termes de cotisations sociales et de taxes, donc pour mieux permettre aux agriculteurs de verser leur dîme aux banques. Et même dans ce cas, qu’en sera-t-il de leurs emprunts, des intérêts, et de leurs impôts l’an prochain ?
Quant à la énième annonce de « prix planchers qui permettront de protéger le revenu agricole » d’après Macron, elle soulève bien des interrogations chez les petits paysans. La même mesure a été prise de multiples fois par le gouvernement, en dernière date avec les lois Egalim 2018 puis 2021, mais en vain. La Fédération nationale des producteurs de lait, affiliée à la FNSEA, n’a pas tardé à faire savoir son mécontentement contre un tel « prix plancher » qui ferait stagner, selon elle, la rémunération des producteurs de lait. Elle craint en effet, et on la comprend, qu’un tel « prix plancher » devienne en fait un prix plafond sous la pression des trusts du secteur. Car un capitaliste du secteur comme Besnier, patron du groupe Lactalis, peut refuser d’augmenter le prix du lait collecté comme il le fait actuellement. Il en tire sa fortune.
Quoi qu’il en soit de ces mises en scène, les petits paysans étouffés par les banques ne pourront pas compter sur Macron pour les en protéger.