Renault : les profits gonflent, les salaires fondent21/02/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/02/P12-1_Pouvoir_dachat_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C222%2C2362%2C1550_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault : les profits gonflent, les salaires fondent

Le directeur général de Renault n’a pas le triomphe modeste. Pour lui, les résultats de la firme sont « les meilleurs depuis plus d’un siècle »... pour les gros actionnaires. Derrière la communication, il y a pour les travailleurs non seulement la perte de pouvoir d’achat due aux salaires en berne, mais aussi l’exploitation accrue.

Illustration - les profits gonflent, les salaires fondent

Avec 2,3 milliards d’euros de profits et 3 milliards de liquidités disponibles (free cash flow, comme dit Renault), le dirigeant se vante de pouvoir distribuer un dividende par action de 1,85 euro contre 0,25 l’an dernier. Ce sont donc 550 millions qui vont atterrir sur les comptes des gros actionnaires. De Meo va sans doute exiger d’ici peu un salaire supérieur à ses actuels 4,5 millions l’an !

Quant au salaire de ceux qui ont produit ces bénéfices, l’augmentation générale se monte au maximum à 2,5 %, avec un talon de 55 euros, voire 1,7 % pour les classifications les plus élevées, et 0 % pour les cadres. Avec 2 euros de plus par jour, disent certains travailleurs, on va faire la fête… et s’acheter deux baguettes de plus, mais pas des baguettes « tradition ». Les embauchés vont, ponctuellement, toucher la prime d’intéressement, 3 100 euros net minimum. Si cela peut permettre de sortir la tête de l’eau pour y replonger rapidement, cela ne changera rien au salaire qui a marqué le pas en deux années de hausse des prix. De toute façon, alors qu’ils contribuent tout autant aux résultats, les travailleurs intérimaires, sous contrat ou de la sous-traitance n’y ont pas droit!

À l’usine de Flins, près de 700 travailleurs ont répondu à une « enquête salaires » organisée par les militants CGT : le calcul fait, il leur manque en moyenne 470 euros sur la paye pour terminer le mois, sans compter le rattrapage du pouvoir d’achat perdu. Pour eux comme pour les dizaines de milliers d’autres travailleurs Renault, quelle que soit l’entité à laquelle le patron les a affectés au travers de la découpe du groupe, les brillants résultats affichés par les dirigeants ont un coût.

Les millions et les milliards d’euros du capitaliste Renault sont à mettre en parallèle avec les 15 000 suppressions d’emplois dans le monde, les cadences et les conditions de travail aggravées, la fermeture d’usines, comme celle de Choisy-le-Roi, et des fonderies.

« C’est bon pour tous », prétend De Meo en faisant allusion aux bons résultats de sa société dans le cadre de la concurrence avec Stellantis. Pour les patrons, peut-être, mais pas pour les ouvriers, techniciens et ingénieurs.

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