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Union européenne : vers un Schengen militaire ?
Le 30 janvier, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Pologne ont signé un accord créant un « corridor de transport militaire » des ports de la mer du Nord jusqu’au flanc est des armées de l’OTAN, c’est-à-dire à la frontière russe.
L’accord s’intègre dans la création à l’échelle européenne d’un « Schengen militaire », un espace de libre circulation de troupes et de matériels militaires entre pays européens membres de l’OTAN, similaire aux accords de Schengen censés autoriser la circulation sans entrave des ressortissants européens.
Il s’agit de développer des infrastructures de transport, des routes, des ponts, des ports, des voies ferrées en vue d’un conflit généralisé. Mais la circulation du matériel de mort se heurte aussi aux prérogatives nationales. Ainsi, en 2022, regrette le général Poulette, responsable de l’acheminement militaire au sein de l’armée française, l’Allemagne a refusé l’autorisation de passage des porte-chars français à destination de la Roumanie, évoquant une réglementation européenne et un poids à l’essieu trop important. Ensuite, le passage de trains militaires français à travers l’Allemagne nécessite, d’une part le changement de conducteur, mais aussi des négociations pour passer avant les trains de charbon destinés aux centrales électriques allemandes. Comme le déplore le général : « L’obstacle est que, l’Europe étant un continent en paix, nous respectons les lois du temps de paix. »
Alors que partout les frontières se referment sur les peuples, que des murs de barbelés se dressent sur le continent européen, que des milliers de migrants meurent en tentant d’atteindre l’Europe, l’urgent est donc de réaliser des corridors, non pas humanitaires, mais militaires. Et la liberté de circulation serait enfin promise aux engins de mort.