Ukraine : le président, l’état-major et leur chair à canon14/02/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/02/2898.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine : le président, l’état-major et leur chair à canon

Depuis des semaines, la rumeur en circulait : finalement, Zelensky s’est décidé à se débarrasser de son chef d’état-major, le général Zaloujny, pas assez docile et qui pouvait, dit-on, lui faire de l’ombre.

Cela intervient sur fond de mobilisation de nouveaux soldats à envoyer au front qui, c’est le moins que l’on puisse dire, ne soulève pas l’enthousiasme dans la population.

La Verkhovna Rada (le Parlement) n’a pas encore adopté de loi de mobilisation et Zelensky, pour calmer le sourd mécontentement que cela provoque, prétend qu’il a entendu les critiques faites au projet initial. Mais ni lui ni ses généraux ne disent toujours rien du retour dans leur foyer des hommes qui se battent maintenant depuis deux ans. Pourtant c’est ce que réclament depuis des mois des manifestations de femmes, mères et sœurs de soldats.

Mais pendant que le président « communique » et que le « moulin à paroles » parlementaire débat à Kiev, sur le terrain la mobilisation est déjà une réalité. Les hommes de 25 à 55 ans exemptés au titre d’un handicap de classe 3 ou 4 sont tenus de repasser un examen d’aptitude. L’objectif est d’en déclarer le plus possible aptes à aller tuer et se faire tuer. La semaine dernière, des policiers de la ville de Dnipro (Dniepropetrovsk) ont affronté les forces spéciales, furieux que leur statut ne leur évite plus l’envoi au front. Et les médias ukrainiens ont repris les propos d’un commandant des forces territoriales qui, notant que les automobilistes ne s’arrêtent plus aux barrages qui traquent les « embusqués », a conseillé de tirer dans les jambes des récalcitrants !

Même dans les campagnes, où les paysans ont moins les moyens de se cacher des recruteurs, les garde-frontières et les médias font état d’hommes qui, pour fuir la conscription, se déguisent en bêtes sauvages ou revêtent des tenues de camouflage hivernal, voire plongent dans des rivières frontalières. Dans les villes, il est de notoriété publique que les hommes non encore mobilisés évitent les gares, les stations de métro, voire de sortir de chez eux, ou dorment à leur travail, de peur qu’on ne les rafle dans la rue.

Dans ces conditions, Zaloujny, auquel certains prêtent des ambitions politiques alors que l’image de Zelensky se dégrade, aurait-il pu chercher à exploiter ce mécontentement ? En tout cas, peu auparavant, la SBU (la police politique héritière du KGB), citée par le quotidien Kievska Pravda, disait s’attendre à ce que des « désordres » se produisent contre l’éviction d’un général qui aurait dit tout haut que l’Ukraine est dans une impasse dans cette guerre, ce que beaucoup pensent. Ses propos avaient fait réagir Zelensky qui, lui, a associé son destin à une victoire militaire. Et cela, quoi qu’il en coûte à ceux qui sont censés l’arracher : le million de soldats que compte l’armée ukrainienne, et les classes populaires dont la majorité sont issus.

À cet égard, la promotion du général Syrky, ancien chef de l’armée de terre, à la tête de l’armée a tout pour inquiéter la population, et les mobilisés en particulier. Il a une réputation de galonné pour qui la peau de la piétaille ne compte pas. Ainsi, il a justifié l’hécatombe de soldats ukrainiens durant des mois à Bakhmout par le fait que, si la Russie a fini par prendre ce champ de ruines, elle y a perdu plus d’hommes que l’Ukraine ! Et Syrky a déjà annoncé que sa première tâche allait être de voir comment faire pour qu’avec un million de mobilisés, il y ait plus de 300 000 combattants effectifs.

Les parrains du régime Zelensky, les États-Unis et les États impérialistes européens dont la France, peuvent applaudir ce jusqu’au-boutisme méprisant la vie des peuples. Après tout, s’il remplit les cimetières ukrainiens et russes, il remplit surtout les carnets de commandes des industriels de l’armement occidentaux et fait le bonheur de leurs compères financiers.

Partager