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Leur société
Mayotte : Darmanin s’aligne sur l’extrême droite
Darmanin a annoncé le 11 février que le gouvernement veut enlever, pour Mayotte, le « droit du sol » qui encadre les modalités d’acquisition de la nationalité.
Depuis 2018, ce droit était déjà soumis à des conditions restrictives à Mayotte. Avec l’abandon du droit du sol, les enfants nés dans ce département de parents étrangers ne pourront plus devenir français. Darmanin répond favorablement aux revendications de l’extrême droite, reprises par une majorité d’élus locaux. Il conforte les plus xénophobes et réactionnaires, par exemple, le sénateur Thani Mohammed Soihili qui propose d’imiter le Royaume-Uni, qui veut déporter les réfugiés au Rwanda, en trouvant un pays africain avec lequel passer des accords du même type : « Ceux qui arriveraient à Mayotte seraient immédiatement reconduits vers ce pays tiers pour y déposer leur demande. Cela concernerait aussi les Comoriens. Ce système traiterait toute demande qu’il s’agisse d’asile ou de carte de séjour. »
La visite de Darmanin va donner des ailes aux militants des Forces vives qui s’en prennent aux immigrés et se constituent peu à peu en milice. Ils ont commencé à se substituer à la police et ont contrôlé les papiers et les cartes d’embarquement de ceux qui voulaient prendre la barge qui rallie Petite-Terre, où se situe l’aéroport ! Tout cela sous le regard complice des policiers. Ils ont aussi barré l’accès à des lotissements HLM pour contrôler qui y habite et empêcher que des étrangers puissent y être logés. Mardi 6 février, ils ont brûlé les matelas des réfugiés qui dorment dans la rue près des locaux de l’association Solidarité Mayotte, qui tente de venir en aide aux migrants et est pour cela la cible des xénophobes.
La population de Mayotte est excédée par la délinquance, par les gangs qui s’en prennent aux petits commerces, aux écoles, voire qui érigent des barrages pour rançonner les automobilistes. Mais ce n’est ni en condamnant des milliers d’enfants à la misère ni en leur enlevant la possibilité de devenir français que les Mahorais pourront vivre en paix.
La répression qui sévit à Mayotte, où plus de 25 000 pauvres sont renvoyés chaque année aux Comores, tout comme l’opération Wuambushu au printemps 2023, ont laissé des milliers de mineurs livrés à eux-mêmes dans les bidonvilles. Environ 15 000 enfants ne seraient pas scolarisés. Si certains de ces enfants finissent dans des gangs, ce n’est pas parce qu’ils sont étrangers, mais parce que l’État français les a privés de leurs parents !
L’absence de logements, d’écoles, de places à l’hôpital et même d’un système de santé digne de ce nom vient du mépris de l’État français pour le sort des habitants de l’archipel. Qui n’a pas remplacé l’ensemble des robinets de l’île, engendrant une pollution au plomb, comme l’ont révélé en décembre les autorités sanitaires ? C’est l’État français, pas les travailleurs comoriens. Qui a détourné les fonds pour la construction de l’usine de dessalement d’eau ? C’est Vinci construction, groupe capitaliste français, avec la complicité bienveillante des services publics, pas les réfugiés somaliens.
Lors de l’indépendance des Comores, la France a voulu maintenir Mayotte dans son giron pour des raisons stratégiques et économiques, pas pour assurer un avenir à sa population, que les gouvernements successifs méprisent autant que les étrangers désignés comme boucs émissaires.