Kuehne + Nagel – Verrières-en-Anjou : la grève impose l’embauche de 80 intérimaires07/02/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/02/2897.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Kuehne + Nagel – Verrières-en-Anjou : la grève impose l’embauche de 80 intérimaires

C’est une grève victorieuse que viennent de vivre les travailleurs de l’entreprise Kuehne + Nagel. Construite il y a trois ans à la sortie d’Angers, cette base logistique approvisionne tous les magasins de l’enseigne de discount Action dans les régions Pays de la Loire, Bretagne, Normandie et Aquitaine.

En 2018, l’annonce de la construction de ce site avait été qualifiée par Christophe Béchu, pas encore ministre de la Transition écologique mais président d’Angers Loire Métropole, de « meilleure nouvelle économique en termes d’emploi depuis 2001 ». La promesse était de créer à terme 530 emplois. À ce jour, loin des promesses politiciennes, l’entreprise dépasse à peine les 300 travailleurs, dont plus de la moitié sont intérimaires.

Les ouvriers y travaillent en 2X8, sont tous jeunes et majoritairement d’origine africaine. Les conditions de travail, comme dans toutes ces plateformes logistiques, sont dures. L’encadrement ne doit les quelques avantages dont il bénéficie qu’à des méthodes de management musclées, dictées par une direction qui « ne fait pas de cadeau », comme le disent des salariés. Bien entendu, les salaires avoisinent le smic.

Mardi 29 janvier, un débrayage inédit s’est tenu à l’appel de la jeune section CGT, autour de trois principales revendications : le refus de voir augmenter les cadences pour obtenir une prime de productivité de 110 euros ; l’embauche en CDI de 95 intérimaires ; une augmentation générale de 250 euros. À la surprise de la direction et des chefs, le mot d’ordre a été suivi par 90 % des ouvriers. Et l’ensemble des travailleurs en grève, tenant leur réunion dans l’entreprise qui était de fait occupée, a voté non seulement les revendications mais également la reconduction du mouvement.

Afin d’inquiéter les travailleurs intérimaires, la direction a exercé sur eux, conjointement avec les directions des agences d’intérim, une pression constante. Les responsables ont expliqué que la grève pourrait les pousser à ne pas reconduire les contrats de mission des intérimaires ; que l’occupation des locaux était illicite ; et qu’ils ne pourraient étudier les revendications que lors de la prochaine négociation annuelle obligatoire… dans trois mois. La réponse des travailleurs n’a pas tardé : au lieu de se laisser intimider, ils ont, en 48 heures, transformé leur mouvement en grève totale.

La direction a bientôt mesuré qu’elle ne pouvait plus fournir les entrepôts d’Action, prise au piège par son organisation en flux tendu. Après de nouvelles menaces exercées en commun avec les dirigeants des agences d’intérim, elle a fini par concéder la transformation en CDI de 80 emplois intérimaires, mais aussi le retrait du projet d’augmenter les cadences. Elle a aussi accepté d’augmenter la prime mensuelle de 130 euros, qui passe donc de 110 à 240 euros. Après avoir suspendu les contrats des intérimaires en grève qui ne désiraient pas se faire embaucher en CDI, elle a également fini par accepter que ces derniers puissent reprendre leur mission et retrouver leur poste.

Vendredi 2 février, les travailleurs, forts de cette première victoire, ont voté la reprise du travail, en se promettant de contacter les travailleurs des autres sites de Kuehne + Nagel avant les prochaines réunions sur les salaires. Tous étaient très fiers de ce mouvement qui, en quatre jours, a fait plier une direction de combat. Le sentiment était unanime que « les choses ne seront plus jamais comme avant ».

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