Toulouse : enfants à la rue, parents et enseignants solidaires31/01/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/01/P7-1_Rassemblement_devant_lecole_Vernant_a_Toulouse_le_25_janvier_contre_l_expulsion_d_un_pere_d_eleve_frappe_d_OQTF_C_LO_.jpg.420x236_q85_box-0%2C160%2C720%2C565_crop_detail.jpg

Leur société

Toulouse : enfants à la rue, parents et enseignants solidaires

Depuis des mois, des familles sans abris dorment dans les rues de Toulouse, étrangers ou non, avec ou sans papiers. Les associations estiment à plus de 330 les enfants sans aucune solution d’hébergement sur la Haute-Garonne.

Illustration - enfants à la rue, parents  et enseignants solidaires

Des enseignants, des militants associatifs, des parents d’élèves se mobilisent pour leur venir en aide. Le plus compliqué est de trouver un hébergement car les services du 115 sont débordés. Une enseignante témoigne : « J’ai appelé le 115 pour une femme avec deux enfants de 3 et 4 ans inscrits à l’école. La personne au bout du fil m’explique qu’elle vient de laisser à la rue une femme avec un nourrisson, car elle n’a plus de place nulle part. » Une mère d’élève travaillant dans une maternité de la ville raconte qu’ils ont hospitalisé une femme et son nourrisson car « on savait que si on la laissait partir ils se retrouveraient tous les deux sous les ponts. » L’assistante sociale qui s’occupe d’une des familles concernées exprimait son désarroi : « Même moi, avec tout le réseau que j’ai, je n’ai pas réussi à loger cette famille, et j’en ai encore trois autres dans le même cas ».

À l’école maternelle Sarrat, une femme expulsée de l’hôtel où elle était hébergée par le Conseil départemental raconte : « Le lendemain du troisième anniversaire de mon fils, on est venu me mettre à la porte. On m’a dit d’appeler le 115, mais ils n’ont rien pour moi. » C’est le Conseil départemental qui doit assurer l’hébergement des femmes seules, mères d’enfants de moins de 3 ans. Mais dès que l’enfant a 3 ans, il s’en lave les mains et les expulse, même si elles n’ont pas trouvé une autre solution d’hébergement.

Ces mères seules arrivent parfois à se faire héberger provisoirement par des amis, passent certains soirs dans les couloirs de l’aéroport ou dans ceux des hôpitaux publics. Parents d’élèves ou enseignants essaient de leur venir en aide. Certains organisent des petits-déjeuners solidaires devant l’école, lancent des cagnottes pour payer des nuits d’hôtel, ou donnent des vêtements et de la nourriture. Parfois les parents d’élèves organisent un roulement pour héberger les familles.

Quand tous les recours légaux, les appels à la mairie, à la préfecture, au 115 et aux autres services sociaux n’aboutissent pas, des enseignants et des parents d’élèves occupent les écoles avec l’association Jamais sans toit dans mon école. Six écoles toulousaines ont ainsi été occupées pour héberger les familles et réclamer que les services de l’État fassent respecter la loi : qu’on soit avec ou sans papiers, un enfant est censé être non seulement scolarisé, mais aussi hébergé.

Les services de l’État font la sourde oreille, et même menacent les personnes qui essaient de suppléer à leurs carences. Une directrice d’école où des enfants ont été mis à l’abri, a été convoquée au rectorat, suite à l’intervention du maire de droite de Toulouse. Il réclamait des sanctions disciplinaires à son encontre, sous prétexte que c’est la mairie qui est responsable des locaux des écoles. Vouloir sanctionner la solidarité, un comble !

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