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- Lutte ouvrière n°2892
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Leur société
Rentrée : Macron promet du sang et des larmes
Macron n’a pas manqué au soir du 31 décembre de faire sa traditionnelle allocution, en s’adressant à la « nation » car, pour lui, il n’y a pas de lutte de classes : il n’y a pas d’un côté des exploiteurs qui se sont enrichis de façon éhontée en 2023, et de l’autre l’immense majorité de travailleurs dont les conditions de vie ont reculé !
Le discours avait un ton martial. Macron a parlé de la « peur du retour de la guerre » et il n’avait que le mot « réarmement » à la bouche : « réarmement de l’économie », « réarmement de l’État », « réarmement civique ». Comme pour insulter les travailleurs qui se sont opposés à sa réforme des retraites, il a osé dire, à propos de toutes ses réformes antiouvrières, que la population a été « au rendez-vous de la mobilisation » ! Cela peut se traduire ainsi : vous avez pris des coups mais, en fin de compte, vous les avez acceptés !
Macron a aussi eu une phrase sur les « impatiences » : « Je sais les impatiences, oserais-je dire, je les partage. » Mais de quelles impatiences parlait-il ? Celles de la grande bourgeoisie qui voudrait que l’État cogne plus fort encore sur les travailleurs et qui trouve que Macron est trop lent ? Celles de l’extrême droite qui attise la haine contre les travailleurs immigrés pour faire diversion face aux conséquences de la crise économique pour le monde ouvrier et veut en faire un marchepied pour arriver au pouvoir ? En tout cas, le président ne parlait pas de celles des travailleurs, des chômeurs ou des retraités exaspérés par l’inflation qui fait dégringoler leur niveau de vie. Macron est détesté par la population ouvrière et il le sait, comme il sait que c’est son rôle de concentrer le mécontentement sur sa personne.
Son discours appelle la population à la détermination dans le cadre d’une mobilisation pour que 2024 soit « l’année de la France », le plus important étant d’avoir « de la cohésion ». Que veut dire ce langage ? Il y a encore moins de trois mois, en Israël, un Netanyahou devait faire face à d’imposantes manifestations et était au plus bas dans les sondages. Aujourd’hui, la guerre a tout bouleversé. Elle lui a permis de faire « l’Union sacrée », de ranger la population derrière son gouvernement, y compris ses ministres d’extrême droite ouvertement racistes. Il a réussi à faire accepter une guerre à Gaza faisant des dizaines de milliers de victimes palestiniennes, à faire accepter à la population israélienne l’embrigadement de toute sa jeunesse.
L’Union sacrée au prétexte de la guerre est une recette de tous les gouvernements et Macron n’utilise pas un vocabulaire guerrier par hasard. Aujourd’hui, cette union doit se faire selon lui du fait de la montée des tensions guerrières. Mais elle doit aussi servir à ce que les travailleurs sacrifient leur niveau de vie pour que les capitalistes français puissent mener leur guerre économique. Et, en fait, les sommets de l’État se préparent à ce que cette guerre économique puisse aller plus loin. Macron ne s’est pas vanté pour rien que « en une décennie, le budget pour l’armée a été doublé ». Pourquoi dépenser autant d’argent sinon pour être prêt à de futures guerres ? Et où qu’elles se situent, en Europe, en Asie ou en Afrique, elles seront menées dans l’intérêt des classes riches, aux frais des travailleurs. La guerre ne supprime pas la lutte de classe, elle en fait une question de vie ou de mort.