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- Lutte ouvrière n°2892
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Leur société
Isère : chasse aux travailleurs sans papiers
Le 27 décembre, une dizaine de livreurs sans papiers ont été arrêtés par la police alors qu’ils attendaient des commandes devant des restaurants de quatre villes de l’Isère : Grenoble, Voiron, Bourgoin-Jallieu et Vienne.
Ces opérations, menées simultanément et baptisées « Uber Eats » par la police, se sont apparentées à de véritables rafles. D’importants dispositifs ont été déployés pour encercler les travailleurs livreurs de repas, formant parfois des nasses, comme sur la place Victor-Hugo de Grenoble, qui a été quadrillée par des camions de police.
Les travailleurs, arrêtés et menottés comme des délinquants, ont été emmenés en centre de rétention à Grenoble et Lyon ou placés en garde à vue. Leur outil de travail, des vélos, ont été confisqués. Des obligations de quitter le territoire français (OQTF) ou des interdictions de retour en France (IRTF) leur ont été notifiées. Selon le procureur de Grenoble, à l’origine de cette infâme opération, il s’agirait de montrer que ces travailleurs sont « gravement exploités par ceux qui leur sous-louent leurs licences ». Quelle hypocrisie quand on sait que ces livreurs de plateformes comme Uber Eats ou Deliveroo étaient en grève en décembre, notamment à Grenoble, pour dénoncer leurs conditions de travail déplorables et leurs salaires au rabais !
Cette chasse aux travailleurs sans papiers s’inscrit dans le déchaînement anti-immigrés, en lien avec la loi abjecte votée par Ciotti, Le Pen et les soutiens de Macron. Cette loi qui s’attaque aux travailleurs immigrés est dirigée en fait contre toute la classe ouvrière. Comme le disent les sans-papiers interpellés en Isère : « Nous ne sommes pas des délinquants. Nous n’avons pas envie d’aller quémander. On est des travailleurs. On fait quelque chose d’utile. » Ils sont en effet bien plus utiles que les patrons d’Uber et de Deliveroo qui, eux, encaissent les profits et ne sont pas inquiétés.
Les démagogues au service de la bourgeoisie veulent faire croire que la récente loi Immigration permettra de réduire la délinquance et d’augmenter la « sécurité ». En réalité, en fragilisant les travailleurs déjà précaires, elle donne plus de pouvoir aux patrons qui n’en seront que plus forts pour s’en prendre par la suite à tous les travailleurs. C’est une logique bien connue dans chaque entreprise où le patron divise entre travailleurs en intérim, CDD et CDI, entre ateliers, ou grâce aux coefficients attribués aux uns ou aux autres. Il ne faut pas accepter la division entre travailleurs, ni le harcèlement policier et l’expulsion des travailleurs sans papiers !