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Leur société
Romans-sur-Isère : la campagne raciste continue
La récupération de la mort du jeune Thomas, lors d’un bal au village de Crépol, par les politiciens de différents bords et par des brutes identitaires d’extrême droite a des conséquences néfastes bien concrètes pour les habitants de la ville populaire de Romans.
Alors que, deux semaines après le drame, l’enquête semble confirmer qu’il s’agissait d’une dispute tristement banale qui a mal tourné, ces démagogues racistes l’ont transformée en une attaque contre de braves jeunes de la campagne par des « sauvages » de la cité de la Monnaie, un quartier populaire de Romans.
Le lundi 27 novembre, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, s’est imposé lors de l’hommage à Thomas organisé au lycée du Dauphiné. Il a aussi donné un caractère politique à cet événement que professeurs et lycéens auraient souhaité garder intime : la cour de récréation a été envahie par les caméras et les micros des journalistes, relayant en direct sur BFMTV les hommages rendus dans l’enceinte du lycée.
Pour la maire de droite de Romans, Marie-Hélène Thoraval, alliée à Laurent Wauquiez, cette affaire est un tremplin qui lui ouvre tous les plateaux télé, jusqu’à la une du JDD désormais aux mains de Bolloré. Elle jette de l’huile sur le feu : prétendant dire tout haut ce que « les Français pensent tout bas », elle regrette que la loi l’oblige à dépenser plus d’argent pour les écoles du quartier de la Monnaie, classé prioritaire, que pour les autres, elle dénonce la « culture de l’excuse » et elle assimile délinquance, immigration et travailleurs de ce quartier ouvrier. Cela ne peut qu’encourager les nervis d’extrême droite qui continuent à menacer.
La conséquence est que des familles d’origine immigrée renoncent à envoyer leurs enfants à l’école. Il y aurait jusqu’à 30 % d’absences dans certains établissements de Romans, selon un syndicaliste enseignant. Des familles de jeunes mis en cause dans la rixe de Crépol ont reçu des lettres anonymes ou des coups de téléphone chargés de menaces racistes. Un jeune facteur d’origine maghrébine a été agressé dans le quartier.
Révoltés par les propos de la maire et par cette ambiance, une centaine d’habitants de la Monnaie ont tenu à se rassembler samedi 2 décembre pour protester, malgré l’interdiction préfectorale. Ils brandissaient des pancartes du style « Thoravale ta haine ».
Les politiciens du gouvernement, de droite et d’extrême droite, cherchent à diviser le monde du travail avec leurs surenchères racistes. Cette diversion leur est bien utile pour tenter de faire oublier à tous les travailleurs, retraités, chômeurs, où qu’ils vivent et quelles que soient leurs origines, qu’ils subissent tous la même exploitation et les mêmes galères.