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- Lutte ouvrière n°2888
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Leur société
Écoles : garde-à-vous et bourrage de crâne
Il ne se passe pas une semaine sans que la presse régionale rapporte, sans un soupçon de regard critique, une cérémonie militaire organisée à l’attention de collégiens ou lycéens.
Créées en 2005 sous Chirac pour compenser la fin du service militaire obligatoire, les « classes de défense et de sécurité globale » ont connu un coup d’accélérateur en 2016, sous Hollande. Leur but est de créer un lien entre l’armée et la jeunesse, en fait, d’endoctriner la jeunesse et de la préparer à obéir aux officiers. Elles se placent dans la même logique que le Service national universel qui, heureusement, ne l’est pas encore, malgré la volonté du gouvernement.
On compte actuellement environ 500 classes de défense, regroupant 12 500 élèves, qui ne sont pas tous volontaires. Chacune est parrainée par une unité militaire, qui reçoit les élèves dans ses locaux, les convie à des cérémonies et envoie également des cadres au sein des établissements scolaires. On voit aussi des organisateurs qui appuient leurs discours patriotiques, ici en faisant venir un char d’assaut devant les grilles d’un lycée, là en faisant atterrir un hélicoptère de combat dans la cour d’un collège. Bien évidemment, ni l’armée ni l’administration scolaire n’évoquent devant les adolescents les morts et les blessés qui seront demain victimes de ces engins, présentés sous leurs meilleurs atours. Ces classes, avec leur encadrement, produisent ensuite des fascicules aux titres évocateurs tels Unis dans la force et dans l’honneur ou Merci mon capitaine.
Ce bourrage de crâne n’épargne pas le primaire. Une brochure intitulée Ma première cérémonie militaire, réalisée par la femme d’un général ancien chef d’état-major et financée par l’industrie d’armement, vise les jeunes enfants et circule dans certaines écoles.
Le but serait dans l’immédiat de « garantir l’attractivité des métiers des armées » selon le ministère de l’Éducation nationale, et à plus long terme de renforcer la cohésion nationale. C’est ainsi que les futures guerres de l’impérialisme français se préparent dès à présent par la tentative d’enrôler moralement la jeunesse derrière l’État et son armée.