Logement : une crise sans fin22/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2886.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Logement : une crise sans fin

Le 16 novembre Élisabeth Borne a annoncé son nouveau plan qui prévoit un rachat de logements aux promoteurs et le déblocage de 500 millions d’euros grâce à la Caisse des dépôts, pour créer de l’habitat dont les loyers seraient inférieurs de 10 % à 15 % à ceux du privé.

« Le défi du logement est national », selon la ministre, mais son plan s’appliquera d’abord dans une vingtaine de « territoires d’accélération du logement » où la demande est particulièrement forte en raison, entre autres, de l’implantation d’usines, et qui seront désignés après proposition des préfets. La Première ministre annonce aussi 35 000 logements étudiants supplémentaires dans les trois ans, alors qu’à peine la moitié des promesses du plan précédent ont été réalisées.

C’est une tactique de saupoudrage, qui n’apporte aucune solution aux demandeurs de logements sociaux, 2,4 millions de ménages selon Emmanuelle Cosse, présidente de la fédération des HLM. Elle chiffre à plus de 500 000 le nombre de logements qu’il faudrait fournir par an jusqu’en 2040.

La crise du logement s’approfondit : selon la Fondation Abbé-Pierre, 330 000 personnes sont sans aucun domicile, dont plus de 2 000 enfants. Pour leur éviter de dormir dans la rue, des écoles ont ouvert des salles de classe la nuit, comme dans le 18e arrondissement de Paris pour 48 familles. On ne compte plus les étudiants cherchant un toit, les salariés en quête d’une place dans un camping ou d’une chambre d’hôtel, ou renonçant à un emploi faute de trouver un logement.

Quant à l’habitat insalubre, il n’est pas près de disparaître. Des mafieux petits et grands extorquent aux familles désespérées des loyers exorbitants pour des logements invivables, prospérant sur la misère, la plupart du temps en toute impunité. L’association Droit au logement (DAL) vient d’ailleurs d’attaquer un décret entré en vigueur au 1er octo­bre, qui allège les règles sanitaires et d’hygiène appliquées aux locaux d’habitation et qui, entre autres, rend plus facile la location de pièces en sous-sol.

« J’ai demandé au minis­tre du Logement de travailler sur un second plan de rachat de logements » aux promoteurs. « Cela soutiendra le secteur et permettra de sécuriser de nouveaux programmes » : ces propos d’Élisabeth Borne illustrent bien la politique du gouvernement. Ses priorités sont de sauver les bétonneurs, pas de sauver les mal-logés.

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