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- Lutte ouvrière n°2885
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Dans les entreprises
Stellantis – Poissy : travailler moins pour travailler tous !
La direction de Stellantis a annoncé vouloir supprimer une équipe de production et imposer des samedis travaillés obligatoires, tout en supprimant des centaines d’emplois d’intérimaires. Cela a provoqué des rassemblements et des débrayages dans l’usine de Poissy, dans les Yvelines.
Prétextant une future baisse des ventes de l’Opel Moka, qui est produite à l’usine de Poissy sur trois équipes (un 2x8 et une équipe de nuit permanente), la direction a annoncé, pour au moins six mois, une baisse de 20 % de la production. Mais, voulant maintenir coûte que coûte une rentabilité maximum, elle souhaite baisser les effectifs de 33 %, ce qui équivaut à une équipe. Les conséquences pour les travailleurs sont le licenciement de 250 intérimaires sur les 400 actuels et, pour tous les salariés restants, deux samedis supplémentaires obligatoires par mois, soit deux fois par mois des semaines de 42 heures !
La direction veut en revanche maintenir l’équipe de nuit dans les ateliers du Ferrage et de la Peinture. Dans ces secteurs, les équipes de 2x8 fusionneraient en une seule équipe, en horaire du matin permanent (5 h 15-12 h 55). Pourquoi continuer à produire la nuit au Ferrage et en Peinture ? Tout simplement parce que EDF paye l’entreprise pour l’inciter à produire entre 20 heures et 8 heures – une compensation financière qui vient s’ajouter au tarif préférentiel sur les heures creuses. Or le Ferrage et la Peinture, contrairement au Montage, sont particulièrement énergivores. La direction affirme même que, pour cette tranche horaire, non seulement l’électricité est gratuite mais que EDF lui donne de l’argent. Alors, pourquoi se priver ?
Avant même d’être officiellement annoncées au CSE, ces mesures ont fait discuter dans les ateliers. La perspective des deux samedis obligatoires par mois choque les travailleurs. Pour ceux de la Peinture et du Ferrage, tout le monde mesure le recul que représente le passage en horaire du matin permanent, l’épuisement que cela va impliquer, en plus de la nécessité de réorganiser sa vie personnelle et familiale.
Au CSE, lundi 13 novembre, le patron a présenté son projet, en annonçant que les changements prendront effet dès le 28 novembre. Preuve que le mécontentement des travailleurs est perceptible, même les syndicats les plus proches du patron ont osé voter contre… Ce qui est sans conséquence, puisque la direction n’a pas besoin d’un vote favorable des syndicats, une simple « consultation » suffit.
Vendredi 10 novembre, un rassemblement sur le temps de pause avait déjà eu lieu dans l’équipe de nuit, réunissant 120 ouvriers. Le lundi et le mardi suivants, des rassemblements dans plusieurs ateliers ont été organisés, dont un de 130 ouvriers au Montage en équipe du matin. Puis, en équipe d’après-midi, un débrayage a démarré au Montage, qui a mis progressivement la totalité de l’atelier à l’arrêt durant trois heures, au fur et à mesure que les grévistes convainquaient leurs camarades de se mettre en grève. Cela faisait longtemps qu’un tel débrayage n’avait pas eu lieu et tous les participants en étaient fiers.
Les travailleurs sont bien conscients qu’il faudrait garder tout le monde, y compris les intérimaires, et profiter de cette baisse de ventes pour baisser les cadences et travailler moins durement, c’est-à-dire travailler moins pour travailler tous.
La direction veut faire payer la baisse des ventes aux ouvriers. Pour lui faire remballer son projet, il faudra que les rassemblements et les débrayages se transforment en grève.