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- Lutte ouvrière n°2882
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guerre au moyen-orient
Pour une Fédération socialiste des peuples du Moyen-Orient !
Quelle perspective aujourd’hui peut avoir le peuple palestinien qui enrage de l’oppression et des massacres qu’il subit de la part de l’armée israélienne, et de la misère dans laquelle sont plongées les couches populaires, ouvriers et petits paysans dépouillés de leur terre ? Quelle perspective peut avoir le peuple d’Israël, et ceux qui dans le pays ne vivent que de leur travail, transformés en soldats permanents pour maintenir un ordre injuste ?
La population des pays du Moyen-Orient vit sous le joug de régimes dictatoriaux qui protègent les exploiteurs et la petite minorité des classes riches. Elle est victime d’un ordre impérialiste, dominé aujourd’hui par les États-Unis, qui a créé le chaos dans la région en multipliant des divisions artificielles.
Les bourgeoisies locales, attachées à l’ordre capitaliste, essayent d’y trouver leur place, sur le dos de leur propre peuple.
Mais, contrairement à ce que peuvent dire des « spécialistes », promoteurs de l’ordre impérialiste, les divisions des peuples du Moyen-Orient ne viennent pas d’une opposition séculaire, de haines religieuses et culturelles. Elles sont la conséquence d’une politique délibérée de division imposée par les puissances impérialistes, d’abord française et anglaise, suivies par l’impérialisme américain lorsqu’il a pris le dessus sur ses concurrents.
Cela a commencé dès la fin de la Première Guerre mondiale en 1917-1918, par le dépeçage de l’Empire ottoman, allié de l’Allemagne, dans lequel, pendant des siècles, musulmans, juifs et chrétiens avaient coexisté sans trop de problèmes.
Les tendances à l’unité ont été combattues par les armées française et anglaise. Et, en vue d’exercer leur mainmise, les deux puissances ont créé des États en traçant des lignes sur les cartes. Ainsi l’impérialisme français a détaché le Liban de la Syrie et y a instauré un régime basé sur les divisions confessionnelles.
De même en Palestine, pour combattre toute poussée anticoloniale, la Grande-Bretagne a ouvert la voie à la fin de la Première Guerre mondiale à l’implantation de colons juifs, au nom du sionisme, pourtant ultra-minoritaire dans les communautés juives à travers le monde.
C’est la Deuxième Guerre mondiale, et le massacre de la moitié de la communauté juive d’Europe par les nazis, six millions d’hommes, de femmes et d’enfants, qui a entraîné l’arrivée en Palestine de centaines de milliers de survivants cherchant un asile protecteur sur cette terre deux fois promise.
En effet, le courant religieux du sionisme s’appuyait sur la Bible hébraïque, la Torah, pour désigner ainsi la bande de terre située entre le Jourdain et le Mont Liban. L’impérialisme anglais avait promis en 1917 d’y protéger les implantations juives... en même temps qu’il promettait de permettre la création d’un grand royaume arabe.
Après la création de l’État d’Israël en 1948, ses dirigeants allaient entraîner sa population dans une politique de spoliation des terres occupées par des Palestiniens arabes.
L’impérialisme américain prit définitivement les rênes après 1956 et l’intervention franco-anglaise pour tenter de reprendre le contrôle du canal de Suez, nationalisé par le président égyptien Nasser, dans une intervention soutenue par l’armée israélienne. Le Moyen-Orient, avec son pétrole, était devenu une région stratégique pour l’impérialisme.
Les peuples du Moyen-Orient ont vécu la faillite de toutes les politiques nationalistes bourgeoises. L’impérialisme s’est servi de l’existence d’États et de nationalismes concurrents pour imposer sa domination, au besoin en les jetant dans des guerres les uns contre les autres. Les peuples de la région ont ainsi connu une succession de conflits, agressions directes ou indirectes des armées impérialistes.
Et pourtant l’énergie de ces masses les plus déshéritées, de la jeunesse, toutes avides de changement, a pu se manifester à de multiples reprises au cours des dernières décennies, de la Palestine au Liban, ou lors des printemps arabes pour ne parler que d’eux. Les impasses, passées et présentes, sont liées à la bourgeoisie elle-même, au mythe de l’unité nationale derrière les exploiteurs locaux, qui ne valent guère mieux que les géants impérialistes, car ils s’en font toujours les auxiliaires, tôt ou tard.
Pour les masses exploitées de cette région, pour mettre fin à leur exploitation et leur oppression, il est indispensable de briser les appareils d’État concurrents qui permettent aux différentes bourgeoisies de s’approprier un butin et de se dresser les unes contre les autres. C’est ce qui permet à l’impérialisme de les manœuvrer. Les intérêts des classes exploitées n’ont rien de commun en réalité avec ceux de leurs exploiteurs locaux.
Mettre fin à la domination impérialiste sur la région nécessite de réaliser l’unité des travailleurs des différents pays, d’abattre les frontières, les régimes, les États et les bourgeoisies locales qui les défendent.
Cela implique d’instaurer le pouvoir des travailleurs à l’échelle de la région, dans le respect du droit de chaque peuple à avoir son existence nationale sous la forme qu’il choisira. La forme politique de ce pouvoir des travailleurs ne peut être que celle d’une Fédération socialiste des peuples du Moyen-Orient.