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- Lutte ouvrière n°2881
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guerre au moyen-orient
Une poudrière entretenue par l’impérialisme
La guerre qui déchire de nouveau le Moyen-Orient est l’illustration dramatique des conséquences des manœuvres des puissances impérialistes dans cette région du monde non seulement stratégique mais aussi riche en pétrole.
Les puissances impérialistes française et anglaise d’abord, puis américaine, n’ont cessé d’intervenir tantôt ouvertement, tantôt en sous-main, en s’appuyant sur les uns contre les autres, pour maintenir leur domination sur cette région et piller les richesses pour le compte de leurs multinationales.
Jusqu’à la Première Guerre mondiale, ni le Liban, ni la Syrie, ni l’Irak, la Jordanie, la Palestine n’étaient des pays séparés. Ils étaient des régions d’un même ensemble, l’Empire ottoman. En 1918, lorsque celui-ci s’écroula, les dirigeants anglais et français mirent la main sur la région. Ils s’appliquèrent à la découper de manière totalement artificielle. Elle fut ainsi entièrement balkanisée entre différents États, ce qui permit aux dirigeants impérialistes de jouer sur leurs rivalités, de mener une politique avec l’un et une politique différente avec l’autre, voire de les jeter dans des guerres entre eux.
C’est ce à quoi on assista bien des fois. Ce fut le cas lors de la guerre entre l’Irak et l’Iran, pour ne citer que cet exemple. Après la chute du chah d’Iran et l’arrivée de l’ayatollah Khomeiny au pouvoir en 1979, les États-Unis se retrouvèrent privés d’un allié important au Moyen-Orient, et face à un régime qui les défiait. Saddam Hussein, dirigeant de l’Irak voisin, bien que considéré comme peu fiable car trop proche de l’URSS, vint leur offrir une solution politique en déclenchant, en 1980, la guerre contre l’Iran de Khomeiny. Les puissances impérialistes étaient gagnantes sur tous les tableaux : jouer l’Irak contre l’Iran permettait d’affaiblir deux puissances régionales qui leur posaient problème. Les marchands d’armes, français en particulier, alimentèrent les deux camps en faisant durer une guerre qui les enrichissait. Celle-ci dura plus de huit ans. La population des deux pays en paya le prix fort, avec plus d’un million de morts et des destructions innombrables.
En 1990, l’impérialisme américain, soutenu par tous les autres impérialismes, dont la France, déclencha la guerre contre l’Irak, Saddam Hussein s’étant rendu coupable d’avoir désobéi à ses maîtres en envahissant le Koweït. Ces mêmes dirigeants laissèrent ensuite Saddam Hussein, pourtant vaincu, mater les révoltes des régions kurde et chiite. Puis, plus de dix ans plus tard, en 2003, le président américain Bush déclencha une nouvelle guerre contre l’Irak, sous le prétexte cette fois de la présence d’armes de destruction massive, un mensonge monté de toutes pièces. L’élimination de Saddam Hussein et la démolition de tout l’appareil d’État allumèrent un nouveau brasier. Le pays vit naître des bandes armées qui purent recruter dans une jeunesse animée par la haine d’une occupation militaire qui allait durer neuf années. De ce chaos naquit aussi l’organisation État islamique, Daech. Les dirigeants américains avaient, tel l’apprenti sorcier, libéré des forces qu’ils ne pouvaient contrôler. Après avoir ainsi déstabilisé et en partie détruit un pays, ils durent chercher de nouveaux alliés pour tenter de combattre ces ennemis qu’ils venaient de fabriquer.
Chaque intervention des grandes puissances a amené ainsi de nouvelles divisions, de nouvelles contradictions et fait naître de nouveaux conflits. Les dirigeants impérialistes se présentent en sauveurs des populations victimes de la barbarie, mais ils sont les premiers responsables de celle-ci. C’est d’abord à leur domination qu’il faut mettre fin.